Critique

[À la télé ce soir] Laurel Canyon: la légende pop-rock d’Hollywood

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Un passionnant documentaire sur la musique californienne des sixties et seventies, rythmé par un tas d’anecdotes et de scènes surréalistes. Un must.

« La première personne qui a bougé là-bas avant qu’on y arrive, ça a dû être Zappa. Ce n’était pas une scène au début, c’était juste un meilleur endroit où vivre. En quatre ou cinq minutes, tu pouvais être à Hollywood, raconte David Crosby. Quand on s’y est retrouvés à 20 ou 30, c’est devenu une espèce de communauté. On allait se rendre visite les uns les autres. » Quartier légendaire de Los Angeles situé à deux pas du non moins mythique Sunset Boulevard, Laurel Canyon a vu s’écrire quelques-unes des plus belles chansons et des plus extraordinaires histoires du rock’n’roll. Neil Young y a vécu dans un corbillard garé sur un trottoir avant de retrouver Stephen Stills et de fonder Buffalo Springfield. Alice Cooper a débarqué pour une audition chez le Zap à 7 heures du matin alors que ce dernier l’attendait à 7 heures du soir. « Les Doors venaient de se séparer, commente-t-il. Jim Morrison était le personnage le plus outrancier de l’époque mais il restait un héros. Le rock avait besoin d’un méchant. »

Au milieu des sixties, alors que le Whisky a Gogo et le Troubadour accueillaient des folkeurs désireux d’électrifier leurs guitares après avoir entendu les premiers albums des Beatles, les soirées se poursuivaient dans des collines prisées pour leur calme et leurs loyers avantageux. Les Byrds, Love, The Mamas and the Papas, Gram Parsons, Jackson Browne, les Monkees mais aussi Joni Mitchell, Bonnie Raitt ou encore Linda Ronstadt ont vécu cette parenthèse enchantée. Alimenté par des images d’archives, les propos et les photos de Nurit Wilde et Henry Diltz mais aussi une multitude d’interviews audio (ils sont venus, ils sont tous là), ce documentaire en deux parties (2 heures 40 au total) raconte ce qui fut jadis le temple des musiciens et des weirdos. Pas de commentaires. Laissez les artistes faire leur travail. Laurel Canyon: la légende pop-rock d’Hollywood c’est un peu Please Kill Me, l’Histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs (formidable bouquin de Gillian McCain et Legs McNeil) en version documentaire et consacré à la musique (folk mais pas que) californienne des sixties et seventies… C’est aussi l’histoire de Charles Manson et celle d’Altamont qui ont marqué la fin du rêve hippie et de ces années de bohème. Alison Ellwood qui vient par ailleurs de signer un film sur les Go-Go’s, réussit un passionnant documentaire rythmé par un tas d’anecdotes et des scènes surréalistes (il faut voir Steve Martin qui ouvrait les concerts de ses vannes). Un must…

Documentaire d’Alison Ellwood. ****

Vendredi 9/10, 22h30, Arte.

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