Critique

À la télé ce soir: L’Illusionniste

L'Illusionniste de Sylvain Chomet © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Sylvain Chomet, le réalisateur des Triplettes de Belleville, porte à l’écran un scénario de Jacques Tati, pour le plus grand bonheur des amateurs d’animation poétique.

Jacques Tati est mort sans avoir eu le temps, l’argent ou l’envie de concrétiser quelques projets qui lui tenaient pourtant à coeur. Le script de L’Illusionniste en fait partie, mais il a été retiré de la boîte aux regrets par Sylvain Chomet.

Le réalisateur des Triplettes de Belleville a été touché par ce scénario auquel Tati, par excès de pudeur peut-être, avait préféré celui de Playtime, pour ne plus le reprendre ensuite. C’est l’histoire d’une rencontre entre un artiste de music-hall vieillissant et une adolescente. L’homme promène de ville en village son numéro de magie que l’on juge désormais démodé. Nous sommes à la fin des années 50, et c’est le rock’n’roll qui remplit à présent les salles. L’illusionniste ne se fait plus guère d’illusion: les artistes dans son genre sont en voie de disparition…

Alice pourrait être sa petite-fille. Sortie d’une enfance dont elle a conservé la capacité de s’émerveiller, elle sera fascinée par le magicien qu’elle rencontre alors qu’il se produit dans un petit bourg de la côte écossaise. Vite attachée à l’homme qui lui témoigne gentillesse et attention, elle va développer avec lui des rapports qui changeront leur vie à tous 2…

Passé recomposé

Le temps qui passe et ne revient plus, l’âge qui augmente alors que les succès se fanent, les modes qui vous donnent soudain un solide coup de vieux, la difficultéà faire apprécier son art du plus grand nombre, sont des thèmes que Tati connaît bien, et même trop bien, quand il écrit son scénario. Entre Mon oncle et Playtime, presque 10 ans se seront écoulés.

Sylvain Chomet émet logiquement l’hypothèse que le grand cinéaste ait finalement trouvé le sujet trop personnel, voire trop douloureux… Toujours est-il que l’aspect nostalgique, émotionnel, de L’Illusionniste, s’inscrit aisément dans l’approche personnelle du réalisateur des Triplettes de Belleville. La démarche de Chomet prend le parti d’ignorer superbement les technologies digitales en vogue, la priorité donnée au public enfantin, le rythme échevelé, les gags instantanés, et même le second degré ou le clin d’oeil ironique, bref tout ce qui fait les priorités de l’animation d’aujourd’hui.

Comme dans les Triplettes, c’est vers le passé qu’il nous emmène, pour une plongée dans un univers subtil, entre ombre et lumière, mélancolique par essence et sollicitant un public de jeunes gens et d’adultes. Sa magie visuelle, sa poésie épousent idéalement celles du héros de son film, et à travers lui (mais sans jamais les singer), celles du grand Jacques.

Film d’animation de Sylvain Chomet. 2010.

Ce mardi 27 octobre à 23h15 sur France 3.

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