Critique

[À la télé ce soir] L’Affaire Waldheim

© RUTH BECKERMANN FILMPRODUKTION
Nicolas Bogaerts Journaliste

L’élection présidentielle autrichienne de 1986 a réveillé un monstre et révélé l’amnésie d’un pays qui n’avait pas encore fait entièrement l’examen de conscience de son passé nazi. Bien placé dans la course, le candidat du parti conservateur Kurt Waldheim, secrétaire général des Nations Unies de 1972 à 1981, est rattrapé à 67 ans par un passé, révélé par la presse, qu’il avait très soigneusement occulté: adhérent au parti nazi, membre de la SA, ses terribles sections d’assaut, il a été associé à des crimes de guerre en tant qu’officier de la Wehrmacht dans les Balkans. Ruth Beckermann fait partie d’une frange des intellectuels autrichiens qui a dénoncé cet état de fait et appelé à son retrait du scrutin -en vain, puisqu’il sera élu pour un mandat dans un climat délétère. La réalisatrice retrace avec soin et rigueur les événements qui ont secoué son pays et dont l’onde de choc a débordé sur la scène internationale. Archives inédites (certaines tournées par elle-même) ou images d’actualités de l’époque analysent les gestuelles et la sémantique conservatrice de Waldheim qui ont séduit une majorité d’Autrichiens. Elle offre une réflexion cruciale sur la parole publique, la mémoire et la continuité idéologique des années brunes, ainsi que sur le rôle trouble des grandes puissances en période de guerre froide, où nécessité fait (mauvaise) loi.

Documentaire de Ruth Beckermann. ****

Mercredi 3/6, 00h25, Arte.

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