Critique

[à la télé ce soir] Kin. Tout est vie

© TARMAC / RTBF
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Pour célébrer la sortie de QALF, Damso n’a pas paradé dans une boîte à la mode de Paname ou Bruxelles, mais bien à Kinshasa, là où il est né et a passé les premières années de sa vie. Une équipe de Tarmac était présente sur place.

Avec une maîtrise du suspense dont il a le secret, Damso sortait QALF, son quatrième album, le 18 septembre dernier. Le rappeur belge numero uno, tête de gondole du rap francophone, mettait ainsi fin à un long teasing de plusieurs mois. Avec succès: le jour où QALF a débarqué sur Spotify, Damso fut l’artiste le plus écouté au monde…

Pour célébrer le lancement du disque, le rappeur n’a pas paradé dans une boîte à la mode de Paname ou Bruxelles (de toutes façons, fermée). C’est à Kinshasa, là où il est né et a passé les premières années de sa vie (avant de devoir fuir les pillages), que William Kalubi a fêté la sortie de QALF. Pour le suivre, une équipe de Tarmac était présente sur place. Un joli coup, puisque le média de la RTBF avait pu balancer le jour même une interview exclusive. Il double aujourd’hui la mise avec un mini-documentaire de 26 minutes.

Le mois dernier, la RTBF déroulait déjà le tapis rouge à Angèle, l’autre artiste belge francophone incontournable du moment. Elle le faisait avec un (mauvais) documentaire acheté en France, diffusé en prime time sur la Une. Pour Damso, le programme est nettement plus « timide ». Malgré un matériel cette fois maison, Reyers se contentera du Net -les comptes YouTube, Instagram et Facebook de Tarmac, dès ce 5 février- et d’un passage lors d’une soirée 100% rap francophone (ce mardi 9 sur Tipik). Certes, le docu en question ne fait que 26 minutes; et la chaîne publique objectera probablement que le public de l’auteur de BruxellesVie est moins « familial » -peut-être, mais certainement pas moins intergénérationnel.

D’autant que le mini-docu intitulé Kin. Tout est vie ne se centre pas tant sur la musique que sur le récit du retour de l’enfant du pays. Produit par Vinz Kanté -animateur-vedette de Tarmac et voix de l’interlude TheVie Radio sur QALF-, réalisé par Robin Conrad (Loxley, du groupe L’Or du Commun), le film ramène ainsi des images précieuses, mais qui évoquent davantage le Congo que les coulisses de QALF. « L’Afrique est trop souvent négligée« , explique le rappeur pour justifier le lancement depuis Kin d’un des disques les plus attendus de l’année. Sur place, il en profite pour enregistrer un titre avec la star locale Innoss’B, ou apporter son soutien au programme de mutuelle de la paroisse Sainte-Anne. Difficile cependant pour le docu de vraiment sortir des rails. Par manque de temps? Parce qu’il n’est jamais simple de tourner à Kin? Ou parce que Damso lui-même ne se livre que timidement, maîtrisant le discours, préférant évoquer sa terre natale, sa relation à la Belgique (« Comme d’autres à l’époque, la Belgique a merdé. Mais maintenant, qu’est-ce que l’on fait avec ça? Ce qui est intéressant, c’est le présent« ). Pendant une courte séquence seulement, il semble être débordé. Remettant le pied dans son quartier d’enfance, il avoue: « J’aime pas trop parler quand je deviens émotif« . Soit. En parallèle, le docu a la bonne idée de donner la parole à trois aînés, trois tontons formant une sorte de choeur devisant au coeur de la nuit, sur le Congo, ses richesses, ses drames, son avenir. « Tant que des artistes feront rayonner la richesse culturelle du Congo dans le monde, ça ira« , glisse l’un d’eux avant de faire tinter la bouteille de bière…

Documentaire de Robin Conrad. ***(*)

Mardi 09/02, 21h30, Tipik.

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