Critique

[à la télé ce soir] Kabul, City in the Wind

© SILK ROAD FILM SALON
Nicolas Bogaerts Journaliste

Durant son enfance, le jeune réalisateur afghan Aboozar Amini a fui sa ville, Kaboul, livrée à la guerre. Il est revenu, adulte, la filmer durant trois ans.

La capitale de l’Afghanistan, « la patrie des voleurs » comme la chante Abas, chauffeur de bus, à l’ouverture de ce documentaire d’une bouleversante cinématographie, est frappée du sceau de la violence depuis de très longues années. Amini n’en montre rien et pourtant, elle est palpable. Elle traverse les regards des protagonistes et impose par moment sa présence physique. Pour Amini, le propos est ailleurs: dans la manière avec laquelle les habitants, dont Abas, les deux jeunes frères Afshin et Benjamin, ainsi que leur familles, composent avec ses signes ostentatoires, ses stigmates, ses cicatrices pour vivre malgré tout, avec la routine pour unique métronome. La façon dont Amini fait glisser les distances focales permet d’alterner entre plans larges et rapprochés dans une éloquence complexe de poésie et de réalisme. Ces portraits ouvrent une parole singulière, intime, au plus proche des rêves et des angoisses. Les longues séquences caméra à l’épaule durant lesquelles il suit ses sujets donnent l’impression physique de marcher avec eux, parmi les morts et les vivants, tout au long de cette ode à une ville balayée par les vents, hantée par le ballet des hélicoptères.

Documentaire d’Aboozar Amini. ****

Mardi 06/04, 00h25, France 2.

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