Critique

[à la télé ce soir] Jim Morrison, les derniers jours à Paris

© MATCHA PRODUCTION
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Les documentaires sur les Doors ne manquent pas. Mais celui d’Olivier Monssens adopte un parti pris intéressant.

En quatre ans et six albums, les Doors ont fait souffler sur la musique un son nouveau et un grand vent de liberté. À la fois poétique, électrique et psychédélique. Destin fulgurant, fin dramatique. Dans la nuit du 2 au 3 juillet 1971, Jim Morrison, l’idole libertaire, le troubadour des temps modernes alors âgé de 27 ans, s’éteint à Paris dans des circonstances obscures et tragiques.

When You’re Strange réalisé par Tom DiCillo et narré par Johnny Depp (que La Trois diffuse à 23h30), l’expérimental et déroutant Feast of Friends produit par le groupe lui-même… Les documentaires sur les Doors ne manquent pas. Mais celui d’Olivier Monssens adopte un parti pris intéressant. Celui de raconter les derniers mois et les derniers jours d’une icône. Morrison arrive à Paris le 12 mars 1971 dans l’ambiance hédoniste et contestataire de l’époque. Il a quitté les États-Unis de peur de devoir aller en prison pour outrages aux bonnes moeurs et rejoint Pamela, sa mannequin et héroïnomane de petite amie à Paname, ville en pleine effervescence d’où viennent ces poètes qu’il aime tant. Morrison a un faible pour les chantres de l’ivresse que sont Rimbaud et Baudelaire. D’ailleurs, sa drogue à lui, c’est l’alcool. Et il l’a découvert très tôt via les bars et le blues qui en sont imbibés.

Morrison ne parle pas du tout français dans une France qui s’exprime très mal en anglais et peu de gens le reconnaissent. Puis à Paris, la musique, il ne veut plus en entendre parler. Sauf celle des autres qu’il écoute de club en club. Et notamment au Rock’n’Roll Circus… Alimenté par les interviews du manager des Doors Bill Siddons, de leur batteur John Densmore ou encore de biographes (Patrick Coutin et Jean-Yves Reuzeau), le documentaire d’Olivier Monssens raconte son alcoolisme, sa santé fragile et son corps retrouvé sans vie par ses amis Agnès Varda et Jacques Demy dans la baignoire de l’appartement qu’il habite avec Pamela. Des rumeurs de sa mort avaient déjà circulé pendant la nuit. Il aurait inhalé au Rock’n’Roll Circus de l’héroïne pure à près de 90% … Une drogue à laquelle il n’aurait jamais touché et qu’il avait achetée pour sa compagne. Cette came, c’est celle du dealer et tombeur Jean de Breteuil qui avait déjà tué Janis Joplin quelques mois plus tôt -de Breteuil fera une overdose à Tanger un an plus tard. Olivier Monssens retrace une histoire trouble et triste qui se termine avec le départ discret d’une rock star. Un enterrement de dix minutes auquel seules cinq personnes ont assisté…

Documentaire d’Olivier Monssens. ***(*)

Dimanche 27/06, 20h40, La Trois.

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