Critique

[à la télé ce soir] H24: 24 heures dans la vie d’une femme

Avis d'expulsion © LES BATELIERES PRODUCTIONS
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Vingt-quatre écrivaines (Sofi Oksanen, Rosa Montero, Myriam Leroy…), 24 comédiennes (Diane Kruger, Valeria Bruni Tedeschi…), dix réalisatrices (Clémence Poésy, Sandrine Bonnaire…). Un fameux dispositif et une impressionnante équipe se cachent derrière cette série courte aussi percutante et réussie qu’ambitieuse et nécessaire.

Pour leur première fiction, Nathalie Masduraud et Valérie Urrea (Focus Iran, Pornotropic: Marguerite Duras et l’illusion coloniale…) se penchent sur les violences faites aux femmes et racontent les abus dont elles peuvent être victimes à toute heure du jour et de la nuit. H24: 24 heures dans la vie d’une femme est composé de 24 courts métrages (et un 25e en bonus) inspirés d’autant de faits réels. Des affaires médiatisées, d’autres tirées de témoignages.

Deux juges italiennes considèrent une migrante trop masculine pour être violée (Fantôme avec Marco, la voix de Romane Bohringer et un texte de Monica Sabolo). Une réceptionniste se fait licencier parce qu’elle refuse de porter des talons hauts (10 cm au-dessus du sol, avec Souheila Yacoub et un texte d’Alice Zeniter). Une femme se fait jeter de son appart pour tapage nocturne parce qu’elle criait trop fort quand son compagnon la frappait (Avis d’expulsion, avec Marilyne Canto et un texte de Lydie Salvayre)…

Mon harceleur
Mon harceleur© LES BATELIERES PRODUCTIONS

Regards, insultes, attouchements, coups… Au-delà des victimes, de la douleur, de l’humiliation, du désespoir et de la colère, il y a de la rébellion dans ces films terrifiants et ces terribles récits de vie. Comme chez cette boxeuse dérouillant un connard qui a essayé de lui caresser les seins à un arrêt de bus (ça c’est mon corps) ou cette passante suivie dans la rue qui prend un selfie avec son agresseur (Mon harceleur). Emprise, agressions verbales (« pas besoin d’un contact physique pour avoir l’impression qu’on vous touche« ), féminicide, revenge porn… Ces histoires qui évoquent la triste banalité du quotidien au féminin et des drames impensables vivent dans des monologues d’environ 3 minutes écrits du point de vue de la victime mais n’en adoptent pas moins une grande liberté de forme. D’écriture, de langage, d’interprétation et de réalisation. Un appel à la prise de conscience, à la résistance et à la révolte incarné entre autres par Camille Cottin, Diane Kruger ou encore Garance Marillier, révélée dans le film Grave de Julia Ducournau. Le livre qui va avec la série est en librairies depuis le 6 octobre.

Série courte conçue et dirigée par Nathalie Masduraud et Valérie Urrea. ****(*)

Samedi 23/10, 20h50, Arte.

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