Critique

À la télé ce soir: Fort McMoney, votez Jim Rogers

Fort McMoney: votez Jim Rogers © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Porté par de splendides et parlantes images, le film de Dufresne suit Jim Rogers. Ancien trappeur, gentil dingue militant pour la défense de l’environnement, Rogers a été jusqu’à se présenter aux élections pour tenter de changer les choses.

« La Route s’arrête. Vous êtes au bout du monde. Fort McMurray, un territoire grand comme la Floride. Plus vaste que la Hongrie. Le plus gros site industriel de la planète. La troisième réserve mondiale de pétrole. Un pétrole non conventionnel. Cher à extraire, polluant, prisé par les géants de l’industrie: les sables bitumineux. » Il y a un petit peu plus d’un an, David Dufresne mettait en ligne son jeu documentaire Fort McMoney sur arte.tv permettant à des centaines de milliers de personnes de prendre le contrôle virtuel de la ville. Aujourd’hui, c’est avec un docu qu’il prolonge l’expérience sur l’antenne de la chaîne franco-allemande et montre les lieux sous un jour plus intime.

Si le Canada est devenu le premier État du monde à se retirer des accords de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, on le doit à ces terres, au nord de l’Alberta, riches en milliards de barils. Cet endroit reculé peuplé de migrants où les grandes compagnies pétrolières semblent contrôler la politique locale. Où, c’est le patron du club pour hommes le Showgirls qui le dit, on vit, boit, joue et dépense sans compter.

Porté par de splendides et parlantes images, le film de Dufresne suit Jim Rogers. Ancien trappeur, gentil dingue militant pour la défense de l’environnement, Rogers a été jusqu’à se présenter aux élections pour tenter de changer les choses. Mais s’il y a récolté 10% des suffrages, il semble bien seul.

Dans cette cité au ciel et à l’air pollués où on fait du sport dans un Centre de fitness Total, où la parade de Noël est vendue aux marques, où la maire a travaillé pour la compagnie Syncrude et où les responsables de la banque alimentaire tiennent des discours aussi hallucinants que fatalistes, Dufresne se demande jusqu’où la démocratie peut se plier aux lois du marché et à notre addiction à l’or noir. Il arbitre le combat entre capitalisme et nature. Pragmatisme économique et utopie politique.

« Le pétrole est un fléau pour un pays, résume l’auteur Andrew Nikiforuk. Il draine tellement d’argent et soulève tellement de problèmes moraux que ce dernier connaît tôt ou tard des dysfonctionnements. Quand une démocratie trouve du pétrole, ce que les analystes politiques ont conclu avec le recul, c’est que le pétrole corrompt toutes les institutions. Rien que par l’ampleur de l’industrie, le pouvoir des dollars et des revenus qu’elle engrange. Et aussi par le fait que tous les pouvoirs tendent à se concentrer. Les institutions démocratiques deviennent moins fiables. La représentation citoyenne faiblit. La démocratie s’érode. » Dont acte.

DOCUMENTAIRE DE DAVID DUFRESNE.

Ce mardi 12 mai à 22h55 sur Arte.

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