Critique

[à la télé ce soir] Diego Maradona

© MEAZZA SAMBUCETTI-AP/SHUTTERSTOCK
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

À ne pas confondre avec le Maradona d’Emir Kusturica, le Diego Maradona d’Asif Kapadia, réalisateur britannique qui avait déjà conté les destins brisés d’Ayrton Senna (Senna) et d’Amy Winehouse (Amy), se concentre sur les années napolitaines du prodige de Buenos Aires.

« Maradona est un grand joueur. Il a du talent. Il est doué. Mais il n’a pas été préparé sur le plan psychologique pour supporter une telle responsabilité« , dit de lui Pelé, posé et tiré à quatre épingles, avant que suivent des images de l’enfant terrible argentin débraillé sur un dancefloor. Après une expérience décevante à Barcelone, « un vrai désastre« , Diego Armando Maradona débarque en juillet 1984 au pied du Vésuve. « J’avais plus un rond. Je ne connaissais ni Naples ni l’Italie. Mais aucune autre équipe ne voulait m’acheter. Je leur ai demandé une maison et j’ai eu un appartement. Je leur ai demandé une Ferrari et j’ai eu une Fiat. Je me sentais déclassé« , l’entend-on commenter. À ne pas confondre avec le Maradona d’Emir Kusturica, le Diego Maradona d’Asif Kapadia, réalisateur britannique qui avait déjà conté les destins brisés d’Ayrton Senna (Senna) et d’Amy Winehouse (Amy), se concentre sur les années napolitaines du prodige de Buenos Aires. Un transfert surprenant déjà puisque représentant la signature du plus cher joueur du monde dans la ville la plus pauvre d’Italie et peut-être même d’Europe. Un club sans palmarès qui sort d’une saison durant laquelle il s’est battu contre la relégation.

Construit sur des centaines d’heures -dont 500 inédites- d’archives (de sa famille, de ses exploits, de ses frasques) et une poignée d’interviews avec le principal intéressé, ce documentaire retrace l’ascension irrésistible et la chute vertigineuse. Il raconte le rebelle, le héros et le tricheur. L’histoire de Maradona, c’est celle d’un gamin né dans un bidonville qui entretenait déjà toute sa famille à 15 ans. Celle d’un footballeur adulé au point que tous les Napolitains avaient une photo de lui chez eux. Souvent au-dessus de leur lit, à côté du Christ. C’est aussi la main de Dieu. Comme une revanche sur les Anglais après la guerre des Malouines. Et ce moment charnière de sa vie: quand il remporte la Coupe du Monde de 1986 et renie dans la foulée le fils dont accouche sa maîtresse. Coups de génie et de sang. Lignes de but et de cocaïne… Journalistes, préparateur physique, président, entraîneur, équipiers et proches dessinent les contours d’un personnage insaisissable qui a été proche de la Camorra et été désigné l’homme le plus détesté d’Italie par les lecteurs de La Repubblica. Une vie à la fois formidable et terrible. Un zeste de triche et beaucoup de génie…

Documentaire d’Asif Kapadia. ****

Lundi 15/1&, 20h30, Tipik.

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