Critique

[à la télé ce soir] De la planète des humains

© IOTA PRODUCTION
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Interpelant, poétique, philosophique, le documentaire de Giovanni Cioni est un drôle d’objet cinématographique. Une réflexion sur hier, aujourd’hui et demain au bord de ce grand tombeau qu’est la Méditerranée.

À la frontière, un groupe de migrants étudie les horaires ferroviaires en silence. Rafle dans le train et retour à l’expéditeur… On est à la frontière franco-italienne. À quelques encablures de Menton et de son poste Saint-Louis, une petite fortification construite pour bloquer la route littorale en cas de guerre. À Grimaldi, une demeure à l’histoire étrange trône entre la mer et la montagne: la villa Voronoff fut jadis une ferme à singes, une fabrique d’organes de rechange. Médecin russe né en 1866, Serge Voronoff se passionne pour les greffes et organise à partir des années 20 des transplantations de testicules de singes sur l’homme dans le but de relancer physiquement et intellectuellement la machine fatiguée. Charlatan ou sauveur de l’humanité? Aujourd’hui, par-dessus la demeure passe le sentier de la mort, un chemin escarpé et sinueux que les migrants empruntent pour tenter de franchir la frontière. Vivre, survivre… Être en vie, quelle vie? Interpelant, poétique, philosophique, le documentaire de Giovanni Cioni est un drôle d’objet cinématographique. Une réflexion sur hier, aujourd’hui et demain au bord de ce grand tombeau qu’est la Méditerranée. Il raconte des histoires de savant fou, d’expérimentations et de police fasciste. De résistants, de fugitifs et de migrants morts dans les tunnels ferroviaires. Une étrange promenade dans une petite ville au silence assourdissant.

Documentaire de Giovanni Cioni. ****

Lundi 23/08 à 22h30 sur La Trois.

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