Critique

[à la télé ce soir] Christo, Walking on the Water

© Alamode film München / Wolfgang Volz
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Cette semaine, Arte rend hommage au couple Christo Vladimiroff Javacheff et Jeanne-Claude Denat à travers trois documentaires.

« Cette couverture, c’est exclu pour le catalogue. Je vais en faire une autre. À ma façon. Point. Là, on dirait un catalogue d’un grand magasin qui vend des chaussures et des casseroles. Tout ça est une horreur. » Lors d’un appel vidéo avec ses proches collaborateurs, Christo s’emballe et s’énerve. Mort le 31 mai 2020 à New York à l’âge de 84 ans, le Bulgare macédonien d’origine tchèque naturalisé américain Christo Vladimiroff Javacheff a marqué avec Jeanne-Claude Denat de Guillebon l’Histoire de l’art contemporain. Artistes de la démesure, champions des oeuvres improbables et monumentales, nés le même jour, le 13 juin 1935, à plusieurs milliers de kilomètres d’écart (lui à Gabrovo, elle à Casablanca), Christo et Jeanne-Claude ont construit un mur de barils de pétrole, ouvert 3 100 parapluies géants en Californie et au Japon, empaqueté le Reichstag, le Pont-Neuf, des kilomètres carrés d’îles et de falaises rocheuses… En 50 ans, ils ont réalisé 23 projets tous plus extraordinaires les uns que les autres. Mais après le décès de Jeanne-Claude, Christo s’est retiré pendant plusieurs années.

Cette semaine, Arte rend hommage au couple à travers trois documentaires. Si L’Art de cacher, l’Art de dévoiler (mercredi, 22h40) leur tire le portrait en détaillant l’emballage de l’Arc de Triomphe (visible de manière posthume du 18 septembre au 3 octobre) et tandis que Passion d’une nation (vendredi, 22h25) raconte l’édifice arqué de la place de l’Étoile, Christo, Walking on the Water retrace la réalisation de The Floating Piers (Les Jetées flottantes) sur le lac italien d’Iseo. Sept ans après le décès de sa compagne et complice artistique avec laquelle il avait travaillé sur le projet dès les années 70, Christo était enfin parvenu en 2016 à concrétiser cette installation éphémère composée de 200 000 cubes en polyéthylène longue de trois kilomètres, pas moins. Ces passerelles qui donnaient l’impression de marcher sur l’eau,  » ou peut-être sur le dos d’une baleine« , et qui permirent à 1,2 million de visiteurs pendant seize jours de rejoindre l’île de Monte Isola et l’îlot de San Paolo.

[à la télé ce soir] Christo, Walking on the Water
© Alamode film München / Wolfgang Volz

« Tous nos projets sont des oeuvres d’art. Et ils sont tous totalement inutiles, revendique Christo. Ils existent seulement parce que Jeanne-Claude et moi aimons les voir et les concevoir. » Le documentaire d’Andrey M Paounov est une immersion déconcertante et complètement dingue dans l’univers d’un grand et jusqu’au-boutiste rêveur. Entre conception de l’art XXL, engueulades mémorables, joies enfantines et cauchemars logistiques.

Documentaire d’Andrey M Paounov. ****

Vendredi 17/09, 23h20, Arte.

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