Critique

[À la télé ce soir] Chilly Gonzales: Shut up & Play the Piano

© GENTLE THREAT LTD
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Rap, pop, électro, disco, musique de chambre… Gonzales a toujours eu le coeur qui balançait. Philipp Jedicke raconte ce drôle d’oiseau.

« Il faut faire plus de bruit que les autres. Il faut gueuler pour forcer tout le monde à vous entendre. Voilà comment on déjoue les médias à la con. Ils méritent d’interviewer un acteur qui jouerait mon rôle. Ils méritent du bidon. Ils ne méritent pas la réalité. C’est pour ça que j’ai ce fantasme depuis longtemps d’envoyer un double. Ils vont dire quoi? C’est pas Chilly Gonzales? Qui peut l’affirmer? »

Né le 20 mars 1972 à Montréal, Jason Charles Beck (alias Chilly Gonzales voire Gonzales tout court) est l’un des musiciens les plus cinglés de sa génération. Barjot, imprévisible, insaisissable, Chilly a travaillé avec Daft Punk, Birkin et Katerine, fait rapper les Puppetmastaz, a doublé les mains de Gainsbourg dans le biopic de Joann Sfar, a sorti un album avec Jarvis Cocker de Pulp et même battu le record du monde du plus long concert de l’Histoire. Enchaînant sur scène 300 morceaux différents en 27 heures, 3 minutes et 44 secondes. Une performance reconnue par le Guinness Book s’il vous plaît. Pianiste de formation classique et jazzman accompli, Gonzo, qui a commencé le piano à trois ans et créé son premier groupe à onze, n’a jamais cessé de renverser les barrières et de faire sauter les frontières entre les genres. Qu’ils soient populaires ou savants d’ailleurs. Rap, pop, électro, disco, musique de chambre… Gonzales a toujours eu le coeur qui balançait. Philipp Jedicke raconte ce drôle d’oiseau. Showman déjanté fils du fondateur et directeur de la plus importante société immobilière du Canada. Dans un portrait qui lui va bien, rythmé et décalé, il retrace son expérience avec Peaches sur la scène punk underground berlinoise et ses concerts avec orchestre symphonique, ses pianos solo et ses multiples collaborations.

 » Il a quelque chose d’une marionnette, c’est clair. Mais il a aussi un côté animal. C’est pour ça que je me suis tout de suite dit: je pourrais bosser avec ce mec« , dit à son sujet l’un des Puppetmastaz entre des interventions de Feist et du principal intéressé. Who’s the puppet and who’s the master? Dans la foulée de ce documentaire, Arte diffuse The Gonzervatory, un concert au Trianon donné avec sept musiciens venus des quatre coins du monde qu’il avait invités à un conservatoire éphémère. Car Gonzales est aussi un pédagogue. Lui qui décomposait des hits d’hier et d’aujourd’hui à travers ses Pop Music Masterclasses. Il prépare actuellement un livre sur Enya. Un ouvrage sur l’artiste new age et les mystères du goût…

Documentaire de Philipp Jedicke. ****

Vendredi 16/10, 23h45, Arte.

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