Critique

[À la télé ce soir] Brassens par Brassens

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Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

« J’ai perdu ma couille au fond du ravin », ironise en l’imitant Bernard Frédéric joué par Benoît Poelvoorde dans une scène de Podium devenue mythique. La postérité, ça fait une éternité que Georges Brassens y est passé. La Fontaine du XXe siècle, le moustachu ne fut pas que la personnalité préférée des Français, il incarna en quelque sorte leur grand sage. Un sage anarchiste, anticlérical, qui aimait arracher la toge, la soutane et le képi. Philippe Kohly raconte le père éternel de la chanson. Un homme qui, de son propre aveu, aurait pu être un gangster, un Al Capone de petite catégorie et qui partit d’ailleurs pour Paris après avoir écopé de 15 jours de prison avec sursis pour vol de bijoux. Né à Sète, perle du Languedoc, terre de pêcheurs et de négociants, Brassens était le fils d’une Napolitaine bigote et d’un homme du pays, doux colosse rêveur et maçon profondément athée. Il y aura l’amour du jazz, de Trenet et de François Villon. Les années sans le sou chez Jeanne et Marcel. Les cabarets de Montmartre. Le coup de foudre avec Patachou, qui fait de lui un parfait débutant à déjà 31 ans.

Dit par Sandrine Kiberlain et émaillé de longs extraits de chansons dans lesquels il se dévoile, Brassens par Brassens est le portrait réussi d’un troubadour frondeur et antibourgeois, simple et jusqu’au-boutiste. Un voyage dans le temps aussi jusqu’à une fin de carrière précoce. Fourbu, bouffé par des coliques néphrétiques et emporté par un cancer de l’intestin.

Documentaire de Philippe Kohly. ****

Vendredi 17/4, 21h05, France 3.

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