Critique

[À la télé ce soir] Betty

Marie Trintignant dans Betty de Claude Chabrol. © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Marie Trintignant tient là une prestation brillante, dans cette adaptation chabrolienne de l’oeuvre de Simenon.

Jean-Baptiste Baronian, lui-même écrivain et spécialiste de l’oeuvre de Simenon, tient Betty pour l’une des meilleures adaptations cinématographiques d’un livre du grand romancier belge. Il dit retrouver intégralement le roman sur l’écran.

Et pour cause, Claude Chabrol s’étant servi directement du texte original comme guide sur le plateau de ce qui est, pour lui aussi, un des sommets de sa filmographie. Betty peint le portrait troublant et bouleversant d’une jeune femme alcoolique, marginalisée par un mari et une famille qui réprouvent son addiction sans lui ouvrir de porte de sortie. Elle échouera dans un restaurant, où la maîtresse du patron lui viendra en aide. Mais quand Betty tombera elle aussi amoureuse de l’homme, et donc rivale de sa bienfaitrice, les choses se gâteront et ne cesseront de se gâter plus encore…

Chabrol trouve ici l’occasion de confirmer tout à la fois son talent pour la peinture d’un milieu social, et son art de réussir des portraits féminins originaux, radicaux, volontiers dérangeants. Betty s’inscrit dans cette lignée d’héroïnes en rupture où figurent des « consoeurs » comme La Femme infidèle, Violette Nozière meurtrière de ses parents, l’avorteuse d’Une affaire de femmes, les bonnes assassines de La Cérémonie, entre autres.

Marie Trintignant, un talent fou

Face à une Stéphane Audran qui fut l’égérie du cinéaste avant qu’Isabelle Huppert ne s’impose comme l’interprète chabrolienne par excellence, Marie Trintignant fait une composition extraordinaire autant que douloureuse. Cette actrice au talent fou, brutalement disparue dans les circonstances tragiques et révoltantes que l’on sait, est renversante de justesse et de générosité dans le rôle de Betty la bourgeoise alcoolique. Sa performance est d’autant plus fantastique qu’elle ne cherche jamais l’effet facile, mais choisit au contraire les chemins de l’exigence.

Derrière la caméra, c’est un Chabrol d’évidence comblé et fasciné qui filme ce très grand moment d’art dramatique et plus encore d’incarnation au sens le plus intime et engagé du terme. Un grand moment dont l’urgence, l’émotion, la stupéfiante complexité, rendent encore plus cruelle l’absence d’une actrice violemment arrachée à la vie et à l’art.

DRAME DE CLAUDE CHABROL, AVEC MARIE TRINTIGNANT, STÉPHANE AUDRAN, JEAN-FRANCOIS GARREAUD. 1992.

Ce lundi 14 mars à 21h00 sur TV5.

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