Critique

À la télé ce samedi soir: Riot Grrrl, quand les filles ont pris le pouvoir

Bikini Kill, avec Joan Jett, à l'Irving Plaza de New York en 1994. © Redferns
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Au début des années 90, une bande de jeunes filles en colère, qui en a marre du machisme ambiant, gueule sa rage et ses idées progressistes en musique. Elle prendra le nom de Riot Grrrls et deviendra la branche jeune et musicale du féminisme aux Etats-Unis.

Le piratage informatique de Sony Pictures qui avait notamment révélé combien les actrices étaient moins bien payées que les acteurs et le discours de Patricia Arquette lors de la dernière cérémonie des Oscars, réclamant les mêmes salaires et les mêmes droits pour les hommes et les femmes aux Etats-Unis, l’ont rappelé. Les inégalités, en matière de sexe, ont la vie dure aussi dans le monde occidental. Au début des années 90, alors que beaucoup considèrent la question comme réglée dans l’Amérique réac du père Bush, une bande de jeunes filles en colère, qui en a marre du machisme ambiant, puis aussi de se faire malmener lors des concerts, gueule sa rage et ses idées progressistes en musique. Au croisement du punk et du rock alternatif, elle prendra le nom de Riot Grrrls et deviendra la branche jeune et musicale du féminisme aux Etats-Unis. Son message faisant irruption dans des lieux jusque-là abandonnés par la lutte: les chambres des ados américaines…

Kathleen Hanna
Kathleen Hanna© DR

C’est à Olympia, capitale vieillotte de l’Etat de Washington, située à une centaine de bornes de Seattle, que tout commence. L’université d’Evergreen avec son système éducatif alternatif attire les jeunes rebelles à la pelle. Activistes et féministes en tête… Née en 1968 dans l’Oregon, Kathleen Hanna est de celles-là. Avec le fanzine puis le groupe Bikini Kill, l’étudiante réveille les consciences en appelant à l’émeute et joue à la petite fille et la putain pour faire voler en éclat les clichés sexistes. En sous-vêtements, le mot « slut » tatoué au marqueur sur le ventre, l’excitée envoie les mecs faire joujou au fond de la salle et coupe l’herbe sous le pied de ses détracteurs pour mieux les noyer sous un flot de railleries. Les filles marquent leur territoire et s’ouvrent définitivement les portes de l’industrie du rock.

A coup d’images d’archives et de nombreuses interviews récentes où Kathleen Hanna et autre Alison Wolfe (Bratmobile) reviennent posément sur le combat d’une vie, le documentaire de Sonia Gonzalez raconte le terreau DIY de la « révolution », son rapport au grunge et son influence sur la jeune gent féminine. Des fanzines photocopiés qui vont parfois jusqu’à détailler comment saboter un concert de mec (en coupant les fils, en appelant les flics…) au label Kill Rock Stars qui en perpétue encore aujourd’hui l’héritage en passant par la naissance des Ladyfest et d’un jeu vidéo, Gone Home, qui se promène dans la maison d’une (teenage) riot grrrl, Gonzalez éclaircit des lanternes souvent mal éclairées par les médias traditionnels…

  • DOCUMENTAIRE DE SONIA GONZALEZ.
  • Ce samedi 7 mars à 22h20 sur Arte.

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