Boardwalk Empire

© BeTV

Magistrale relecture des débuts de la Prohibition, cette série HBO porte la griffe de Terrence Winter (The Sopranos) et de l’immense Martin Scorsese, tout en offrant à Steve Buscemi l’occasion de nous gifler par son talent.

Tout s’accélère, dans ce monde. Et les meilleures séries qui, par le passé, mettaient parfois des années à atterrir dans nos tubes cathodiques, franchissent désormais la Mer du Nord ou l’Atlantique avec de bien plus rapides esquifs. C’est notamment le cas de Boardwalk Empire, véritable événement HBO (la chaîne aux séries mythiques) en 2010, que Be1 rapatrie fort opportunément dans sa grille.

Autant le dire tout de suite: Boardwalk Empire s’annonce comme le plus long film de gangsters en costumes d’époque jamais réalisé. Film? Parfaitement! A l’instar de chefs-d’oeuvre comme The Wire, portrait sociétal à l’ambition monstre et aux ramifications multiples, Boardwalk Empire a besoin de temps, de chacun de ses épisodes en fait, pour développer son intrigue générale, pour s’aérer, pour décanter.

Pas étonnant de retrouver, à la barre, un duo habitué aux sagas fleuves et aux films gangrénés par le crime: Terrence Winter (scénariste récurrent des formidables Sopranos) s’est alliéà la légende Martin Scorsese pour adapter un roman de Nelson Johnson. Scorsese s’est attelé himself à la réalisation d’un pilote flamboyant où son inimitable patte (notamment ces plans-séquences vertigineux) suinte à tous les étages. Plans cinématographiques, ton grave, reconstitution historique minutieuse, multiplicité des personnages et des enjeux, précision des dialogues: récompensée aux derniers Golden Globes, cette série s’inscrit déjà dans la lignée des toutes grandes en devenir.

Génial Buscemi

On y suit, en plein démarrage de la Prohibition (tout début des années 20), les tribulations d’Enoch « Nucky » Thomson, trésorier de la ville d’Atlantic City, mais surtout parrain de la pègre locale régnant, de son hôtel du bord de mer (d’où le « boardwalk empire »…), sur toute la côte est des Etats-Unis. A ses côtés, son jeune protégé Jimmy Darmody va chercher, de manière parfois tumultueuse, à trouver sa place dans ce dispositif mafieux.

C’est avec un plaisir dingue que l’on retrouve cette gueule patibulaire de Steve Buscemi dans un rôle taillé pour son talent et pour son expérience acquise auprès de Tarantino, des frères Coen et de tout le gratin du ciné indépendant US. Buscemi crève l’écran dans le costume d’un Enoch dur en affaires, mais raisonnable et humain. Michael Pitt lui donne une convaincante réplique. A vous de savourer.

Boardwalk Empire, 20.45 sur Be1.

Une série HBO créée par Terrence Winter et Martin Scorsese, avec Steve Buscemi, Michael Pitt, Kelly MacDonald.

Guy Verstraeten

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