Critique | Musique

Battles – Gloss Drop

WEIRD POP | Tyondai Braxton a pris ses cliques et ses claques et laissé le reste de Battles se dépêtrer avec son 2è album. Drop the bomb…

Certains estiment que quand un seul être vous manque tout est dépeuplé. D’autres vous rétorqueront que les cimetières sont remplis de gens indispensables. Tout ça n’est que vue de l’esprit. En attendant, Tyondai Braxton, vocaliste et multi-instrumentiste, a pris la poudre d’escampette en plein enregistrement et abandonné ses potes de Battles face à la lourde épreuve de la confirmation. Les New-Yorkais ont sué pendant pratiquement 2 ans sur le successeur de Mirrored.

« Ce disque, c’est l’accomplissement de ma vie, clame John Stanier, le spectaculaire batteur à la carrure de basketteur qui matraquait les fûts d’Helmet et de Tomahawk. J’ai d’ailleurs pensé que nous ne parviendrions jamais à le terminer. Nous ne partions pas d’un travail d’équipe. Nous étions en panne d’inspiration. Il ne se passait rien. Un vrai cauchemar. J’avais l’impression de porter un énorme gorille sur mes épaules. Quand tu fêtes Noël en famille à la maison et que tu ne penses qu’au groupe, il y vraiment de quoi devenir dingue. »

Si on omet le budget, Gloss Drop aurait pu devenir le Chinese Democracy de Battles. Un disque qui prend 14 ans et ne vaut pas un clou.

« Quand Tyondai s’est tiré, nous avions abattu une masse de travail considérable mais le résultat ne nous excitait pas. Si nous avions poursuivi dans cette voie, nous n’aurions rien sorti avant 2014 ou 2015. Et ce dont nous aurions accouché, aucun d’entre nous n’en aurait été satisfait. »

Pourquoi faire simple…

Les Américains se sont donc réinventés. Ils ont effacé et réécrit les interventions du fuyard, repensé et restructuré tous leurs morceaux. Retour à de la musique purement instrumentale? Intégration d’un nouveau membre? Quête éperdue d’invités? Les questions se sont bousculées dans leurs esprits tordus. Les 3 mousquetaires du math rock ont fini par embaucher 4 voix: Kazu Makino de Blonde Redhead, la légende anglaise de la synthpop Gary Numan, Yamantaka Eye, le fondateur du groupe noise japonais Boredoms, et l’électronicien argentin Matias Aguayo.

Disque futuriste, hybride et accidenté (le triptyque instrumental Futura-Inchworm-Wall Street est sacrément addictif), Gloss Drop laisse par instants entrevoir un groupe plus pop, plus abordable, plus grand public. A l’image de la bombe Ice Cream, single à la Animal Collective enregistré avec le compatriote de Maradona, ou du sucré Sweetie & Shag emmené par Makino.

Même plus pop, Battles reste cependant barré. Bizarre. Insaisissable. « C’est presque subliminal. Le morceau terminé est toujours à mille lieues de l’idée qui l’a fait germer. A fortiori quand il vient d’un truc tout simple, aussi accrocheur soit-il. » Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

Julien Broquet

Battles, Gloss Drop, distribué par Warp. ****
Le 18/08 au Pukkelpop.

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