Francofolies de Spa J3: Lou Doillon et Veence Hanao

Lou Doillon © DR
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

En guise de cadeau de bienvenue, les Francofolies nous prêtent une hideuse blouse bleue signifiant que nous sommes photographes.

En guise de cadeau de bienvenue, les Francofolies nous prêtent une hideuse blouse bleue signifiant que nous sommes photographes. Un machin coupé aux manches, genre bavette de cycliste pensionné, supposé être porté dans le frontstage des concerts, au cas probable où l’on nous y confondrait avec des spectateurs ahuris, alzheimérisés et égarés devant les 30 000 watts hurleurs.

C’est pas la peine puisque devant la scène Proximus du Village Francofou où on voudrait voir (et accessoirement, photographier) Lou Doillon, il y a plus de photographes au mètre carré -avec la même blousette ridicule- que de slogans publicitaires sur le site spadois. Un certain nombre donc. On bat logiquement en retraite, fourguant la blousette (toujours ridicule) dans le sac à dos et prenant du recul pour voir la Doillon jr. Alors, oui, la chanteuse révélée par un premier album baigné d’influences Velvet/Nico, est une version 2.0 de maman Jane Birkin, les tatouages et la voix en plus. L’organe de Lou traverse aisément les allées du Francofou, bien garnies pour elle, de cet échantillon de spectateurs typiquement spadois. Soit un mélange hétérogène de familles, de niards, de couples et de francophiles réunis. La Doillon constituant d’ailleurs une sorte de produit synthétique de la désormais philo Francos: un lien à la francophonie -OK pour Lou- mais aussi au reste du monde, et donc à la langue anglaise. La jolie fille au grand sourire, alterne les prestations en groupe -via un rock serré de bonne tenue- et des chansons juste menées en solo avec une guitare acoustique. Dans les deux, elle excelle, même si le décor naturel du parc n’est pas vraiment taillé pour l’univers noctambule, riche en sous-entendus et en périls amoureux, de la Doillon. Dans les conversations qui se croisent immanquablement dès qu’on s’éloigne de plus de trente mètres de la scène, il nous semble bien que la fille fait une reprise d’une vieille pendule des Pretenders, I Go To Sleep.

C’est un peu tôt, d’autant qu’au même moment, on rate la prestation de Veence Hanao au Dôme. Quand on le croise juste après son set au bar de l’hôtel Radisson, on est (un peu) surpris par sa quiétude apparente: mince et peut-être pâle, de la douceur dans les yeux, un filet de sourire agréable, bonne gueule à tous les étages. La veille, il était sur la plaine de Dour surchauffée par le houblon (on en parle sur ce site), aujourd’hui, il s’est retrouvé devant un public assis et plus « familial ». Il semble avoir apprécié le double exercice, sans trouver forcément d’antinomie entre les deux contextes où ses chansons gorgées de sensations multiples, possiblement nocturnes, ont trouvé une faille dans notre mélancolie naturelle. Là, en nous parlant brièvement de son parcours, de ses 30 ans, il pointe comment le rap a changé au cours de sa courte et riche histoire, lui-même domptant une autre forme: « L’urgence se déplace » dit-il en rejoignant ses amis pour un verre.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content