Bed Rugs, deep in the roots

Bed Rugs © Iphygenia Dubois
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Bed Rugs pourrait venir de Californie. Être une bande de pensionnés tout bronzés déterrés de l’anonymat sixties par un obscur label spécialisé dans la réédition psychédélique. Raté. Bed Rugs est jeune, anversois et entamera sa conquête de la Wallonie au Deep in the Woods.

C’est dans un bar en plein centre d’Anvers qu’une petite moitié de Bed Rugs (nom choisi en clin d’oeil à la carpette du Big Lebowski) nous a fixé rendez-vous. Noah Melis (batterie) et Yannick Aerts (guitare/voix) sont cousins. « Merde, c’est fermé, déplore le premier alors qu’on attend le second apparemment jamais à l’heure. J’ai acheté cet endroit avec mon père mais je n’en ai pas encore les clés. Nous allons d’ici peu y ouvrir un coffee shop. » Toute psychédélique que soit la musique de Bed Rugs, le jeune musicien n’y vendra pas de l’herbe et du hasch. Juste du café. Du café et des disques. « Des vinyles très ciblés. De la musique psychédélique mais que des nouveautés. Il y a déjà assez d’endroits où on te vend des vieux machins. »

A 24 piges, Noah est le benjamin du groupe. Il joue avec Yannick depuis l’âge de 12 ans. En 2008, ils ont atteint la finale du Humo Rock Rally sous le nom des Porn Bloopers. Yannick va déjà sur ses 33 balais. « On a prévu d’aller fêter son anniversaire à Nazareth. Le petit bled de Flandre-Orientale », se marre le batteur.

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Pourquoi pas? Les Bed Rugs poursuivraient sur leur lancée. Ils ont enregistré leur EP dans une église. « Nous ne sommes pas des mystiques. C’est juste qu’on fait une musique pleine de réverb. Et que là-bas, elle pouvait y être naturelle. Nous n’avions pas besoin de pédale. Le seul inconvénient, c’est qu’on y a enregistré en novembre et que nous n’avions que deux petits chauffages électriques. Il caillait vraiment sa mère. Je portais cinq sweatshirts en même temps. C’est pour ça que la batterie sonne bizarre. »

Si le six titres Rapids a été produit par Niels Hendrix de Fence, il a aussi été mixé sur l’île de Wight par Paul Butler et Aaron Fletcher. Collaborateurs de Devendra Banhart et Michael Kiwanuka. Puis surtout membre des Bees. « Je viens de choper leur album Free The Bees à 30 livres, se réjouit Yannick. J’ai fait une bonne affaire. Il n’y a qu’un pressage. C’est super rare. Je suis content. » Les Anversois les ont contactés bêtement. « Via Internet. Par email. Comme tout se fait aujourd’hui. » Et contrairement à Dave Fridmann, sans doute trop occupé à trimer sur le nouveau MGMT, ils leur ont répondu. « Andrija Tokic, qui a bossé avec Alabama Shakes et The Paperhead, l’un de nos groupes préférés, figurait sur notre liste et était intéressé lui aussi. »

Evil Superstars cover band

Produit par Pascal Deweze, bassiste de feu Metal Molly, le premier album de Bed Rugs, 8th Cloud, était clairement orienté pop-rock. Porté par un single supergrassien (Modern Freaks) et taillé pour Studio Brussel, dont il lui a d’ailleurs ouvert les portes. Moins nineties, plus sixties, Rapids l’emmène dans des flots psychédéliques. Genre première partie de Jacco Gardner, complet, à l’Ancienne Belgique. « Alors que je regardais par la fenêtre avant notre concert, j’ai vu un type qui agitait une pancarte: « Qui a un ticket pour Bed Rugs? », raconte Noah. Il nous restait de la place sur notre guest list, on l’a invité! »

Débrouillards, les petits Belges ont démarché à l’étranger. Sorti leur EP sur Ample Play en Angleterre et chez Burger Records aux Etats-Unis. Un label spécialisé dans les cassettes. « Nous sommes de grands fans de musique, commente Yannick. Nous avons donc contacté les structures avec lesquelles bossent nos artistes favoris. Et comme certains, obscurs, ne publient des trucs que sur cassettes, on s’est retrouvés en relation avec Burger. Je ne suis pas le plus grand fan du support qui soit. Mais quand tu découvres un groupe sur Internet, que tu veux en avoir une trace physique chez toi et qu’ils n’ont sorti que ça, tu n’as pas vraiment le choix… Perso, j’écoute la musique différemment en fonction de l’endroit où je me trouve. » Les cassettes, c’est la salle de bain où il a installé le vieux lecteur de sa grand-mère. « Je me souviens quand mon père m’a acheté mon premier walkman, je n’avais qu’une seule cassette de Diana Ross que j’ai écoutée pendant des mois. C’est fou ce que notre monde pouvait être étriqué à l’époque. »

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Petite pause shopping. Les Bed Rugs fouillent, dégotent un Kyuss, Dog Poison de Thee Oh Sees, le Freak Out des Mothers of Invention ou encore le For Emma, Forever Ago de Bon Iver… « Les groupes belges qu’on apprécie ne font pas le même genre de choses que nous. J’aime beaucoup les Girls in Hawaii et Robbing Millions. Hickey Underworld dont on partage le bassiste. Ou encore The Germans, Fence et The Rott Childs. Ces derniers sonnent un peu comme Millionaire mais en plus extrêmes. » Nostalgie tout à coup sur les groupes flamands des années 90. « Ça fait trois ans qu’on n’a plus donné de concert mais on avait un cover band d’Evil Superstars. On a même un soir joué après un gig de Mauro. » Non sans avoir recommandé Radio Centraal, « une chouette station anversoise où des mecs comme Elko de Dead Man Ray mettent des disques », les deux musicos s’éclipsent à vélo. Et d’assurer: « La ville n’a pas vraiment changé avec De Wever. Il y avait juste plus de fric pour célébrer la Fête de la Communauté flamande le 11 juillet… »

  • BED RUGS, RAPIDS, DISTRIBUÉ PAR WASTE MY RECORDS.
  • Le 7/09 au Deep in the Woods, le 12/09 à la Cave aux Poètes (Roubaix), le 14/09 aux Leffingeleuren et le 5/10 au festival Comme à la maison (Bruxelles).

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