Jean-François Pluijgers

Un film sans fin

Jean-François Pluijgers Journaliste cinéma

Présentée sur La Trois, la série documentaire Big Memory propose les portraits de 170 cinéastes belges.

La chronique de Jean-François Pluijgers

La télévision de service public serait-elle en train de (ré)investir le Septième art? Voire: sans même parler de l’augmentation de la voilure de Ciné-Station, la programmation prochaine, sur La Deux, d’un Quai des Belges consacré à Bouli Lanners, et celle, sur la Trois, deBig Memory donnent en tout cas à le penser. S’agissant de cette dernière, on peut même parler de petit miracle, puisque la série documentaire réunissant les portraits de 170 cinéastes belges sera proposée sur base quotidienne, du lundi au vendredi. Et, qui plus est, à une heure, 20h15, ne la destinant pas qu’aux seuls insomniaques. Comme quoi, tout arrive du côté de Reyers.

Le concept de Big Memory, le réalisateur Richard Olivier en a eu l’idée en 2008, au lendemain de la disparition tragique de Benoît Lamy, l’auteur de Home Sweet Home et de Jambon d’Ardenne. Et d’imaginer la réunion, dans un même ensemble filmique et affectif, des cinéastes belges, présents, passés et à venir, sans égard pour leur âge, leur style, leur talent ni leur succès. Adoptant un dispositif aussi simple qu’immuable -un entretien face caméra de 13 minutes dans un lieu de leur choix, où les réalisateurs parlent de leur parcours et de leur passion pour le cinéma-, la série qui en a découlé constitue en quelque sorte la mémoire active du cinéma belge.

De Dominique Abel à Thierry Zéno, si l’on s’en tient à l’ordre alphabétique; de Christian Mesnil à Boris Lehman, si l’on considère celui de diffusion (respectant, pour sa part, la chronologie des tournages), le film-collection ainsi (dé)composé réserve son lot de surprises. Celle, déjà, de découvrir quantité de cinéastes qui, pour avoir été boudés par la notoriété, n’en proposent pas moins des univers fascinants. Celle, encore, d’en voir d’autres, moins sujets aux caprices de la renommée, dans des circonstances inattendues -Luc Dardenne sans Jean-Pierre, et vice versa, c’est déjà un petit événement en soi. Celle, enfin, de voir ces différents réalisateurs se dévoiler -un exemple parmi d’autres, Félix Van Groeningen, le réalisateur de La Merditude des choses, racontant avoir embrassé le métier de metteur en scène parce que trop timide pour devenir acteur. Confessions/révélations qui peuvent parfois prendre un tour bouleversant, comme lorsque Louis Héliot s’exprime en qualité de porte-coeur du regretté Rémy Belvaux -l’un des auteurs de C’est arrivé près de chez vous.

Quant à l’addition de ces portraits-entretiens, elle compose la vision kaléidoscopique d’un cinéma belge auquel l’entreprise se veut outil de sensibilisation, en même temps que la chronique d’une histoire en cours. A cet égard, on se réjouira que cette oeuvre hors-normes (plus de 40 heures en tout), que prolongera un livre à paraître aux Impressions Nouvelles, ait vocation à rester inachevée -comme un film au générique duquel le mot fin n’apparaîtrait jamais…

Big Memory, La Trois, à partir du 9/01, du lundi au vendredi à 20h15.

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