Welcome to the (Tokyo) Jungle

© Sony Computer Entertainment
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Pokémon et Nintendogs tremblent face à Tokyo Jungle. Urbain et cruel, ce jardin extraordinaire réécrit les lois du darwinisme en terres post-apocalyptiques.

ÉDITÉ PAR SONY COMPUTER ENTERTAINMENT ET DÉVELOPPÉ PAR CRISPY’S, ÂGE NC, DISPONIBLE SUR PLAYSTATION 3 (TÉLÉCHARGEMENT UNIQUEMENT VIA LE PSN). ****

La scène est plantée à Shibuya (Tokyo). Ironiquement. A deux coups de griffe de Hachiko, statue-chien culte dont le modèle aurait attendu son maître à la gare, bien après sa mort. La dégaine d’accessoire féminin d’un Loulou ne l’empêche pas de dévorer crûment un charmant beagle dont les jappements glacent les murs de la mégapole, vidée de ses habitants. Des Dead Space au plus récent Lollipop Chainsaw, le jeu vidéo immunise contre l’hémoglobine et le gore. Mais rien ne préparait à la nouvelle cruauté, naturelle, de Tokyo Jungle. Un écosystème post-apocalyptique où la lutte d’une espèce pour sa survie se traduit avec talent en gameplay.

Au centre des débats de ce jeu à mi-chemin entre arcade, jeu de rôle et stratégie, une barre de faim et de vie descendant successivement et inexorablement au fil des secondes pour livrer un game over. Cette menace de mort constante illustre grossièrement mais viscéralement le comportement primaire du monde animal. Et modèle aussi toutes les actions vitales du joueur. A commencer par la conquête d’un territoire, nécessaire pour trouver une femelle. Eloignés les uns des autres, les trois checkpoints à rallier pour y parvenir ne pourront être rejoints sereinement qu’à condition de tuer et dévorer (avec sagesse) les proies croisées.

Une palette de mouvements bien balancée, des embuscades possibles dans des fourrés, une touche d’attaque affaiblissant sa proie et une autre de mise à mort utilisable un court instant (lorsqu’un témoin visuel apparait temporairement). Il n’en faut pas plus à Tokyo Jungle pour livrer un système de combat beat them all sexy. La prise en mains jubilatoire des carnivores parmi la cinquantaine de races disponibles aide en outre au réveil de sensations de scoring (1) oubliées.

Top biche

Pour conquérir le coeur d’une femelle de haut rang, le joueur devra en effet accumuler les victimes afin d’en imposer. La vigueur des reproductrices réparties entre troisième et premier choix jouent en effet un rôle clef puisqu’elle influencera le nombre et la force de la descendance qui sera ensuite prise en mains par le joueur.

Ce gimmick ludique digne d’un documentaire animalier permet par exemple de contrôler de deux à cinq bébés Loulous, chacun faisant alors office de « vie » supplémentaire utile à la survie. Reste que, l’écosystème en place n’étant ni infini, ni forcément à portée de crocs, bien doser ses ambitions reste crucial. Sous peine par exemple de mourir bêtement de faim, sur le chemin vers son repère copulatoire.

Bien plus cruel et cynique que le Spore de Will Wright, ce darwinisme vidéoludique qui voit parfois la loi du nombre l’emporter (une armée de hyènes face à un ours polaire gagnera) s’entoure d’une pléthore d’autres subtilités de game design. Gaz toxiques, double lecture de l’aventure via des herbivores, système de sauvegarde/ progression vachard, bonus typiquement nippons et donc volontairement idiots (des pantoufles pour son zèbre)… Tokyo Jungle s’impose sans peine comme le titre incontournable de cette rentrée. Dommage que son pelage graphique ne suive pas son ramage.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

(1) TENDANCE MALADIVE QU’ONT DE NOMBREUX JOUEURS À VOULOIR ATTEINDRE UN SCORE DE 100%, JUSTE POUR LE PLAISIR.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content