Critique | Musique

Fuck Buttons – Slow Focus

Fuck Buttons, ce vendredi à l'Ancienne Belgique. © Alex de Mora
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

ELECTRO NOISE | Le 3e album du duo britannique bruitiste et burné Fuck Buttons sonne comme la bande originale post-apocalyptique d’un monde dévasté.

Fuck Buttons - Slow Focus
© DR

« Ecouter cet album, c’est un peu comme ouvrir les yeux au réveil et prendre conscience qu’on est dans un endroit inhabituel et pas particulièrement accueillant. » Benjamin John Power et Andrew Hung ont le sens de la formule.

Leur nouvel album, Slow Focus, le premier en quatre ans et sans doute aussi le plus sombre des redoutables Fuck Buttons, invite l’électronique dans un univers post-apocalyptique, des paysages dévastés, des décors sinistres et des ambiances angoissantes. Un peu comme s’ils avaient composé la bande originale de l’après-apocalypse ou de notre rencontre avec de malveillants envahisseurs. Ou réussi l’adaptation discographique d’un roman de J.G. Ballard ou de La Route de Cormac McCarthy.

En 2011, Power a tenté l’échappée en solitaire sous le nom de Blanck Mass. Puis en 2012, Hung a bossé sous le nom de Dawn Hunger tandis que Fuck Buttons rythmait (grâce à Underworld) la cérémonie d’ouverture des JO quelque part entre The Clash, Queen, les Arctic Monkeys et les Stones. Retentissant sur le petit film d’introduction de Danny Boyle (Surf Solar) et pendant la parade des athlètes (Olympians), là où Blanck Mass était joué par l’orchestre symphonique de Londres pendant le lever de l’Union Jack. La clé du succès populaire? Pas sûr… De l’eau a coulé sous les ponts de la Tamise depuis la sortie de leur deuxième album Tarot Sport. Et le duo anglais a perdu en chemin son hédonisme bruitiste et solaire.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Flippant et oppressant, Slow Focus se promène en environnement hostile et confirme le goût insensé du duo formé début 2004 à Bristol pour l’expérimentation sonore. Claviers Casio, jouets pour gosses et vieilles machines à karaoké… Les Fuck Buttons ont toujours été des aventuriers de l’électronique. Des baroudeurs qui rendent la dissonance délectable. La cacophonie mélodieuse. Et dont le son évolue en permanence avec l’équipement.

Disque exigeant, atmosphérique, cosmique, strident, viscéral, fascinant, bâti sur des beats et synthés souvent anxiogènes, Slow Focus capture en sept titres et un peu moins d’une heure (Fuck Buttons n’a jamais été enclin au format court) l’air d’un temps futur inconfortable et primal.

Après avoir laissé leur destin entre les mains du post-rockeur John Cummings de Mogwai (Street Horrrsing) et de l’électronicien Andrew Weatherall (Tarot Sport), BJ Power et Andrew Hung ont décidé de produire eux-mêmes ce troisième disque. Une plaque souvent sinistre, plus rarement teintée d’espoir, d’électro bizarre et bruyante qui donne dans les deux cas des envies de danser dans les décombres. Il y a des albums qu’on entend. D’autres qu’on écoute. Slow Focus est de ceux qui vous forcent à les écouter. A les écouter et à vous y perdre. Lost highway.

FUCK BUTTONS, SLOW FOCUS, DISTRIBUÉ PAR ATP/KONKURRENT.

LE 04/10 À L’ANCIENNE BELGIQUE.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content