Zaz, un tout petit air de Piaf

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Look alter-bohême et voix qui racle du côté de chez Piaf, grain jazz des rues et affirmation d’indépendance sociale: le premier album de Zaz est un succès qui annonce un automne chaud.

« Comme la maladie d’amour… Ce succès, je l’espérais mais j’ai été surprise par la rapidité du truc, peut-être le public a-t-il été conquis par le positivisme du disque? » Voix éraillée sur disque comme au téléphone, Zaz, 30 ans, est visiblement sur un volcan en pleine éruption, tâtant fin juin du Numéro 1 en France et du 4 en Belgique.

Ce premier album touche d’abord par sa voix, joli larynx de chat ébouillanté qui donne l’impression d’avoir plus longuement vécu que sa génitrice: « Je suis à la limite du chant et du cri, j’aime les musiques africaines, le jazz, Bobby McFerrin, je me suis nourrie de tous les musiciens cubains, français, malgaches, avec lesquels j’ai joué. »

Après un premier morceau aux allures de confession manouche (Les passants), déboule le tube radio du disque, Je veux, dont le texte botte en touche les us du consumérisme: « Je veux de l’amour, de la joie, de la bonne humeur, ce n’est pas votre argent qui fera mon bonheur/Moi, je veux crever la main sur le coeur/Allons ensemble découvrir ma liberté, oubliez donc tous vos clichés. »

Vu son succès radiophonique transgenre, le titre a visiblement touché une fibre alternativo-socialo-engagée, même si sa genèse n’est pas exactement une apologie du grand soir. Son texte puisant dans une utopie assoiffée de grands mots généreux, quitte à décoller de la réalité. Zaz: « Je faisais un boulot de chanteuse dans un cabaret où j’étais pratiquement devenue fonctionnaire. Je me suis cassée de cet endroit où l’attraction ultime était l’argent, cette chanson s’en inspire simplement. » Le côté roots à la Fréhel/Piaf s’annonce ci et là, logiquement dans une reprise vaguement mimétique de Dans ma rue de la grande Edith.

L’ado « un peu chiante » a donc grandi à Tours puis Bordeaux, « traumatisée » par la séparation de ses parents, père agent EDF, mère prof d’espagnol, le split brouillant ses codes sociaux. Isabelle (dans le civil) suit une tranche de conservatoire (de 5 à 11 ans) et puis, plus tard, décroche ses premiers cachets dans les bals, à balancer interminablement les standards, musette comprise. Arrivée à Paris il y a 4 ans, Zaz fait des expériences et des rencontres, dont celle, inattendue, de la star Raphaël, tombée sous le charme d’une prestation live. Du coup, le mélancolique lui écrit trois morceaux, dont deux survolent le disque de leur gravité spleen: La fée, bien sûr, mais surtout Eblouie par la nuit, qui clôt l’ensemble. Sur un tempo lent et des paroles qui scellent la défaite amoureuse, Zaz chante alors nettement un cran au-dessus des autres titres, poussée par un possible talent vocal hors normes.

Dont ce premier essai discographique, inégal, ne semble qu’effleurer le potentiel.

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Zaz, ZAZ , distribué par Sony Music.

En concert au Botanique le 9 septembre.

Philippe Cornet

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