Cigarettes et bas nylon

Bien emmené par son trio d’actrices, ce téléfilm retrace un épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale, celui des mariages américano-français.

CIGARETTES ET BAS NYLON, TELEFILM DE FABRICE CAZENEUVE. AVEC ADELAÏDE LEROUX, SALOMÉ STÉVENIN, MÉLODIE RICHARD. ***

Ce vendredi 9 mars à 20h45 sur Arte.

Ce n’est, assurément, pas l’épisode le plus relayé de la Seconde Guerre mondiale: de nombreuses jeunes Françaises, charmées par les soldats de passage, se marièrent avec des Américains pendant ces années chahutées. Des mariages souvent consommés à la hâte, dans l’urgence d’un conflit qui, forcément, laissait peu d’assurance quant à l’avenir des maris yankees. Le téléfilm de Fabrice Cazeneuve nous emmène sur les traces de 3 jeunes femmes, Jeannette, Marie-Thérèse et Mireille. Lesquelles apprennent à se connaître dans un de ces « camps cigarettes » où les épouses venaient, avant leur départ en bateau pour les Etats-Unis, recevoir des leçons de citoyenneté américaine. Pour l’une d’elles, malheureusement, c’est la désillusion: son mari s’est tué, lui laissant le choix entre l’indemnisation forfaitaire proposée par le gouvernement états-unien et la possibilité, après procès, de réclamer une pension de veuve de guerre. Jeannette préfère rentrer en France. Rejetée pour s’être donnée à un Américain, elle s’évadera, d’abord en pensées, puis en actes, via la correspondance qu’elle entretient avec ses copines débarquées Outre-Atlantique.

Il se dégage beaucoup de qualités de ce téléfilm profondément humain. Des qualités de mise en scène et de montage, ce qui n’est pas monnaie courante pour ce format. Des qualités d’interprétation aussi, couronnées par un prix collectif au Festival de la Rochelle. Seul le rythme, peut-être, manque un peu de muscles: ambitieux, le scénario se permet certaines audaces qui échappent parfois au réalisateur. Mais dans l’ensemble, ces Cigarettes et bas nylon tiennent joliment la route.

Guy Verstraeten