Critique | Livres

Les saisons et les jours

Ysaline Parisis
Ysaline Parisis Journaliste livres

ROMAN VINTAGE | Premier titre exhumé par la bien nommée nouvelle collection Vintage des éditions Belfond dont ce sera la ligne de mire, Les Saisons et les jours de Caroline Miller a tout du classique américain oublié.

DE CAROLINE MILLER, ÉDITIONS BELFOND, TRADUIT DE L’ANGLAIS (USA), 420 PAGES. ***

ROMAN VINTAGE | Premier titre exhumé par la bien nommée nouvelle collection Vintage des éditions Belfond dont ce sera la ligne de mire, Les saisons et les jours de Caroline Miller a tout du classique américain oublié. Prix Pulitzer 1934, le livre suit l’histoire des Carver, famille de paysans sudistes d’avant la Guerre de Sécession ayant essaimé au beau milieu des collines de Géorgie. Récit de la succession des accouchements, des semailles, des récoltes et des décès qui égrènent leur rude existence de 1820 à 1850, Les saisons et les jours est une pure ode naturaliste au vieux Sud profond, à la poussière qui balaie les champs de coton, au souffle nocturne des pumas errants, à l’extrême du climat et à la sueur des fronts. Avide des mouvements de la nature autant que de ceux des « mortels » et outre quelques métaphores fort dramatiquement appuyées qui veulent qu’à la sécheresse et à l’indigence des récoltes répondent la brutalité et la rudesse des sentiments, Miller publiait en 1933 un livre à valeur véritablement historique -on raconte qu’elle partait frapper aux plus vieilles fermes de son bout de Géorgie, prétextant l’achat de beurre et d’oeufs pour recueillir les souvenirs des derniers témoins d’une époque largement méconnue. En 1935, Margaret Mitchell (Autant en emporte le vent) déclarait que Les Saisons et les jours était « le plus grand roman sur le Sud et ses habitants ». C’est aller un peu loin… Il n’empêche: sans jamais prétendre au génie d’un Faulkner dont elle était une lectrice avide, Caroline Miller a ouvert la voie à d’autres écrivains -Mitchell, donc, mais aussi Flannery O’Connor ou Carson McCullers- qui l’ont ensuite surpassée, pour creuser plus avant la veine, remarquable de violence et d’âpreté, de la littérature sudiste. Et ça, c’est l’histoire parfois ingrate de la littérature…

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