Francofolies: la loi de Balimurphy

© Niko Kohen
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Avec leur dernier album, intitulé « La Déroute », les Balimurphy ont surpris leur monde, donnant un nouveau souffle à leur mélange folk-chanson française. Portrait express avant leur passage aux Francos de Spa.

BALIMURPHY, LA DÉROUTE, DISTR. AMG. EN CONCERT LE 19/07 AUX FRANCOS DE SPA, LE 28/07 AU RISING À THY-LE-CHÂTEAU, LE 12/08 AU WEAD À HAVELANGE, LE 15/08 AU BSF À BRUXELLES, LE 08/09 UN SOIR AUTOUR DU MONDE À VILLERS-LA-VILLE…

On n’est jamais à l’abri d’une surprise. Même bonne. Le dernier album de Balimurphy commence par Cent planètes. Un long morceau de plus de 6 minutes qui n’évite pas les accents bréliens mais qui fait preuve aussi d’une ampleur qu’on ne soupçonnait pas chez ceux que l’on avait peut-être trop vite rangé du côté des bambocheurs rock-folk-accordéon-festif. Tendance Lasemo-Esperanzah!. « Cette étiquette, on l’a revendiquée jusqu’à un certain point, concède François Delvoye (textes, guitares). Mais quand on a commencé à tourner en France, on s’est rendu compte à quel point cela pouvait être limitatif. Là c’est un vrai créneau, avec des gens comme Debout sur le zinc, les Ogres de Barback… » Mathieu Catala (texte, percussions): « Il ne faut y voir aucun dénigrement. On n’est pas meilleurs, on est juste différents, beaucoup moins politiques ou engagés. Il y a des choses très binaires, presque ska, et puis d’autres moments plus contemplatifs. »

Ce côté contemplatif, La Déroute l’explore plus que d’habitude. L’album sorti au début de l’année donnait ainsi l’occasion de remettre les compteurs à zéro, de creuser le dossier Balimurphy en revenant d’abord aux sources. Le point de départ? Comme toute bonne histoire de groupe, il démarre dans une cave, et une fête, du côté de Saint-Gilles. Tout le monde se connaît de loin, mais personne ne se côtoie vraiment. Mais ce soir-là, l’étincelle prend. On est en 1999: c’est le début de Balimurphy époque 1, quand Marie Warnant en est encore la chanteuse principale, avant de partir en solo.

Tombe la neige

Au fil du temps, Balimurphy va baliser un premier parcours, essaye des choses, mais sans jamais arriver à faire le break. Certes, les rôles se stabilisent petit à petit. Un fonctionnement atypique où Cédric Van Caillie, principal compositeur du groupe, finit par prendre le micro pour chanter les mots pondus par Mathieu et François. « Cédric n’a jamais insisté pour devenir le chanteur principal du groupe. Mais vu sa personnalité, il était normal qu’on en arrive à un moment à le pousser en avant », explique François. La vie d’un groupe n’est cependant jamais un fleuve tranquille et en 2007, Balimurphy vacille . « On arrivait à un moment-charnière. On s’était déjà tous énormément investis dans le groupe. Mais cela ne suffisait plus. A un moment, on n’avait pu donner que deux concerts sur l’année. La question de continuer s’est posée. » C’est à ce moment-là que déboule Julien Piret, qui fait jouer le groupe dans son festival Un soir autour du monde. Le courant passe tellement bien qu’il devient finalement le manager de Balimurphy. « Il est arrivé au bon moment. Avec lui, les dates ont commencé à s’enchaîner. » L’autre rencontre déterminante, c’est sans doute Kris Dane, ex-Ghinzu, musicien flamand protéiforme qui enchaîne projets solos, musiques de films, et qui va prendre en main la production de La Déroute… Un jour, Balimurphy est invité par les Jeunesses musicales du côté de Bastogne. Kris Dane cherche justement un lift. Mathieu: « C’était en plein hiver. On s’est retrouvés dans la même camionnette, bloqués par la neige. » La connexion est faite. « Il n’y a pas de hasard. Lui était entre deux albums. A ce stade de sa carrière, il avait envie de partager un peu de son expérience. De notre côté, on avait besoin de quelqu’un pour nous emmener ailleurs. » François continue: « Il nous a poussés à essayer plein de choses et à aller jusqu’au bout de nos idées. De son côté, je pense qu’il était fasciné par notre « collectivisme ». »

Balimurphy reste en effet ce drôle de laboratoire, « une machinerie bizarre à la Tim Burton », qui se nourrit autant des séances de répèt que des discussions sans fin au café du coin. D’ailleurs, La Déroute a beau prendre de la hauteur, il n’en reste pas moins un disque pétri de doutes et de fissures. De celles qui laissent passer une jolie lumière sombre.

FRANCOS EXPRESS

Quand? Du 18 au 22 juillet
Où? A Spa pardi, un peu partout entre le parc des 7 heures et la place de l’hôtel de ville
Qui? Comme d’habitude, l’affiche des Francofolies est à double détente. Les grosses pointures de la chanson-variété française sont chargées d’attirer la grande foule sur la scène principale: Thomas Dutronc, Laurent Voulzy, Bénabar… Cousu de fil blanc mais indispensable pour un festival comme les Francos (seule anomalie: la soirée du 20 juillet, qui verra la scène Pierre Rapsat accueillir une affiche 100% anglophone: Joshua, Charlie Winston, Selah Sue). L’autre volet des Francos est plus disparate. Mais souvent plus intéressant. Nos chouchous? Murat, Le Yéti, Barbara Carlotti, L, Rover… Mention spéciale à Cédric Gervy, qui jouera pas moins de quatre soirs sur cinq…
Combien? En résumé, de 25,50 à 48,50 euros par jour et par endroit. Pass Francofou à 48,50 euros, Francopass à 143,50 euros.
Infos? www.francofolies.be

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content