Bye bye Gilles Verlant

Gilles Verlant © Yves Tennevin
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Gilles Verlant, journaliste de qualité, est mort cette nuit d’un accident domestique.

Sans guère plus de précision, RTL France puis le Net annoncent que Gilles Verlant, 56 ans, est mort cette nuit après une chute d’escalier. C’est d’autant plus choquant que ce Bruxellois définitivement parti à Paris à la fin des années 80 était, vraiment, un type dont le rire en cascades, l’à propos, les multiples connaissances, déplaçaient des montagnes journalistiques. Gilles, qu’on croise à l’adolescence, de deux ans plus âgé, me guide ainsi que toute une génération de fans de rock des seventies, dans les émissions animées avec un bagout sans faille sur la RTBF où travaille le père, Louis Verlant, réalisateur confirmé.

De mère française, Gilles a l’élocution boulimique et ciselée: en dépit d’un asthme contraignant, son énergie est égale à son intelligence analytique, son sens de la répartie et un charisme vivifiant, particulièrement dans la télé des belge des années 70/80… Il semble autant à l’aise pour une promenade-interview dans un parc bruxellois avec un tout jeune Dick Annegarn (dans Tempo) que pour une rencontre avec un autre débutant, Bono de U2 au Beurschouwburg en 1981 (pour Folllies).

Au-delà des émissions ertébéennes et des articles pour Moustique et son projet alternatif, More (rebaptisé En attendant), Gilles période bruxelloise, lance également Scalp Records -qui débusquera Allez-Allez puis le come-back raté de Soeur-Sourire- et organise une poignée de concerts événementiels en pleine période punk-new wave, comme la fabuleuse soirée au Vieux Saint-Job ucclois avec Talking Heads début 1978.

Le public connaît sans doute mieux le parcours français de celui qui pense, à juste titre, que retourner au pays maternel, lui offrira plus d’opportunités. Introduit dans le milieu grâce à son ouvrage de référence sur Serge Gainsbourg, il participe aux côtés d’Antoine de Caunes au tout début de Canal Plus en 1984 dans Surtout l’après-midi, bossant souvent dans le sillage de Canal et de de Caunes, à Rapido, Rock Report devenant même l’espace d’une saison l’un des 4 de la bande Pierre, Antoine, Karl et Gilles, toujours sur Canal+ France. Au fil du temps, Verlant va étendre sa palette, parfois céder à certaines sirènes parisiennes pas vraiment rock (son bouquin sur Balavoine), mais toujours avec un puissant goût de vivre et d’écrire. Collectionneur maniaque -son dernier appart bruxellois près du Cinquantenaire ressemblait à un mausolée de disques- il aimait aussi beaucoup la BD. Son ouvrage sur Gotlib, paru en 2006, était d’ailleurs l’une de ses grandes fiertés et réussites.

Difficile d’oublier qu’en quittant Le Vif/L’Express au printemps 1989 où il assumait la critique rock, Gilles Verlant m’avait recommandé et laissé la place. Pour cela et beaucoup d’autres articles, émissions et moments de musique ou pas, qu’il en soit remercié. Gilles était marié et laisse aussi derrière lui deux jeunes hommes.

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