It’s a free world

Ce remarquable Ken Loach s’intéresse à l’exploitation des travailleurs immigrés clandestins, ses dérives, ses dangers. Kierston Wareing y est formidable.

Au fil des années, Ken Loach s’est discrètement imposé comme une référence en matière de cinéma réaliste, dans cette veine britannique remontant aux années 60 et témoignant des grandes questions de société sans verser dans le cinéma militant et son manichéisme. Dans l’ironiquement titré It’s A Free World, le réalisateur de Riff Raff et de My Name Is Joe s’intéresse à l’exploitation des travailleurs immigrés clandestins, au nom de la libre entreprise (dévoyée) et d’une débrouille n’allant pas sans causer des dérives et même des dangers.

Ce sujet, déjà traité sous un autre angle par les frères Dardenne dans leur remarquable La Promesse (1996), inspire à Loach un film admirablement écrit, construit et joué. Au centre du récit, il y a Angie, jeune, jolie, blonde, dynamique… et tout juste virée de l’agence de recrutement pour laquelle elle travaillait. Confrontée à de gros problèmes matériels, elle a l’idée d’ouvrir sa propre agence d’intérim au « noir », installant les bureaux dans… sa cuisine, et entraînant dans l’aventure sa colocataire Rose. Très vite, une foule d’immigrés se pressera pour trouver du boulot auprès d’une des entreprises qui sont trop heureuses de voir Angie leur fournir de la main d’oeuvre pas trop chère. Les affaires marchent bien. Les deux jeunes femmes prospèrent, et les ouvriers étrangers y trouvent aussi leur compte.

Une situation de « win win » (tout le monde y gagne), comme on dit aujourd’hui? Pas vraiment, car tout ce système basé sur le « black » et organisé en marge des lois sociales est fragile. Les autorités pourraient le découvrir et faire finir les responsables derrière les barreaux. Et un accident survenu au travail pourrait aussi changer la donne. Sans oublier les éventuelles vendettas menées de la concurrence…

Comment une idée apparemment astucieuse, émanant d’une jeune personne ne souhaitant faire aucun mal, va inexorablement tourner au cauchemar, It’s A Free World le raconte de manière prenante. Dans le rôle d’Angie, Kierston Wareing est formidable. Elle porte littéralement le film, Loach jouant habilement de l’identification du spectateur à son personnage pour nous faire réfléchir, prendre conscience, s’il en était besoin. De quoi faire d’un très bon film une oeuvre utile en termes de société. A voir, évidemment.

It’s a free world, 20.40 sur Arte.
Drame de Ken Loach, avec Kierston Wareing, Juliet Ellis, Leslaw Zurek. 2007.

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Louis Danvers

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