Critique | Musique

Miossec – Chansons ordinaires

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

CHANSON | Sur son huitième album, brut de décoffrage, Miossec reste encore et toujours Miossec. Cela tombe bien: c’est comme cela qu’on le préfère.

Miossec - Chansons ordinaires

Ça vient de là, ça vient du blues: depuis l’inaugural Boire (1995), le Breton creuse cet art compliqué qui consiste à chanter les défaites et les râles sans valdinguer aussi vite dans la mélasse. Au programme donc de ce Chansons ordinaires, des histoires un peu rustres, recrachant les amours -au minimum- compliquées, et les amis perdus au combat (Chanson pour les amis). Pratiquant aussi l’auto-flagellation comme politesse du désespoir –« Tu sais que je vaux beaucoup mieux que ça » (Chanson pleine de voix); « Depuis si longtemps déjà/Te voir tellement au dessus/Et moi tombé si bas » (Chanson qui laisse des traces). Certes, le verre d’eau minérale a aujourd’hui trouvé son chemin sur le zinc, et, fugacement, des touches d’espoir perlent ici et là (« Même à bout de souffle/Chaque seconde vaut de l’or » sur Chanson dramatique). Mais au final, le constat ne change pas: « Comme le temps passe, comme il nous abîme » (Chanson qui laisse des traces).

Epaulé-jeté

Rien de neuf sous la houle? Jusqu’au titre de l’album, le Brestois voudrait le faire croire. « La confection d’un disque, cela reste un truc d’artisan. C’est assez pratique intellectuellement: se dire que vous avez votre petite boutique. Vous n’avez pas envie que cela devienne une grande surface. Vous n’avez pas envie qu’elle ferme non plus. Il faut gérer le bazar. Et puis trouver les copains pour donner un coup de main, ranger les rayons, bouger les caisses… Cela remet un peu les choses à leur place. Ça vous évite aussi de tomber dans les divagations artistiques. J’ai un peu connu ça, c’est assez pénible… »

Pour éviter la pose, Miossec a donc décidé de revenir aux bases. Après Finistériens, réalisé à 2 avec Yann Tiersen (« Il fallait le faire, on l’a fait. Mais personne ne s’y retrouvait complètement… « ), Chansons ordinaires tient de « l’épaulé-jeté ». « Un disque où l’on ne gamberge pas. Pas de maquettes, on n’envoie rien à la maison de disques, personne sait rien. Et on attaque le studio bille en tête, avec des mecs (Sébastien Buffet, Thomas Poli et David Euverte, tous crédités à la composition de l’album, ndlr) que je ne connaissais pas un mois auparavant! (rires). Ça passe ou ça casse. Après A prendre (1998), j’avais fait un disque comme ça. Mais j’avais fini par le jeter à la poubelle. Ça m’avait coûté cher… (sourire) Ici ça a marché, mais c’était la même idée de départ. Faire un disque qui fait du bien, dans le moment. »

D’où ce Chansons ordinaires, un disque plus… « rock », accouché en « 3 jours, 3 nuits », peut-être le plus frondeur depuis … Boire, rien de moins. Evidemment, tout a déjà été dit (« Mais ce n’est pas grave, car personne n’écoute », sur Chanson que personne n’écoute). Peu importe donc: il reste quelques belles mandales à délivrer, histoire de bousculer un peu une chanson française chloroformée. « Je pense qu’il reste des coins à explorer: on n’a pas encore exténué le genre. » Qu’en la matière on puisse encore compter sur Miossec est plutôt réjouissant…

Miossec, Chansons ordinaires, distribué par Pias. ****
En concert le 08/10, au Botanique, Bruxelles.

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