Megaupload, méga retour ou méga flop?

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Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Kim Dotcom annonce l’arrivée de Megabox, le petit frère bétonné de Megaupload. Faut-il s’attendre à une vraie révolution ou à un misérable bide?

« Rapide mise à jour sur le nouveau Mega: le code est prêt à 90%. Les serveurs sont en route. Avocats, partenaires et investisseurs sont prêts. Soyez patients. Ça arrive. », pouvait-on lire sur le fil Twitter de Kim Dotcom vendredi dernier. L’annonce a fait son petit effet sur la Toile: neuf mois après son arrestation musclée par le FBI, et la fermeture de facto des serveurs de son empire Megaupload, le géant allemand du piratage fait une sortie médiatique autrement plus consistante que son dernier essai lamentable à la chanson.

Ce n’est que depuis ce mercredi, et la publication d’une vidéo promotionnelle (à voir ci-dessous) du lancement de son nouveau bébé Megabox, que les choses semblent devenir réellement plus sérieuses. Non content de se poser en défenseur ultime des libertés de l’internaute (il n’hésitait pas à se comparer à Martin Luther King dans l’infâme Mr President), le bibendum en chef semble prêt à proposer sa propre plateforme d’écoute de musique en streaming, qui serait -c’est lui qui le dit- aussi bénéfique pour l’artiste que pour l’internaute.

Mouais… S’il est difficile de juger du produit à l’heure actuelle sur base de quelques tweets et d’une vidéo de présentation de deux minutes (la plateforme Megabox devrait être disponible d’ici la fin de l’année), on se permet de garder quelques grosses réserves par rapport à l’enthousiasme naïf qui bourgeonne sur les divers forums et réseaux sociaux.

1. Kim Dotcom annonce une redistribution de 90% des gains directement aux artistes, sans passer par les majors du disque. Mais de quels gains parle-t-il exactement si son service s’annonce gratuit? De revenus publicitaires? De revenus d’abonnements? Si tel est le cas, en quoi se différencie-t-il des Spotify, Deezer et autres, qui ont déjà bien du mal à remplir la coupe pour fournir un revenu décent aux artistes?

2. Gardons l’hypothèse des comptes payants (avec avantages à la clé, comme l’utilisation du logiciel sur smartphone par exemple). Qui dit que monsieur et madame tout-le-monde se décideront à franchir le pas pour une option payante après l’histoire qu’on connaît à l’empire Megaupload? Qui se risquera à laisser ses données et ses pépettes entres les mains d’une entreprise qui s’est déjà fait détruire de main de fer par les hautes autorités américaines?

3. Il en abuse tout au long de la vidéo: Radiohead par-ci, Radiohead par-là, entrecoupé de quelques plus rares plans montrant les chansons estampillées « Dotcom ». Dans le bénéfice du doute, on veut certes bien croire à moitié que Radiohead ait mis un pied dans l’aventure. Mais quels autres artistes rempliront la base de données de manière volontaire et spontanée? Quand on connaît le nombre de musiciens encore frileux à la technologie qui hésitent déjà à publier leurs morceaux sur les plateformes « légales », ils risquent d’être d’autant plus nombreux à émettre des réserves quant à Megabox… Résultat: soit le nouveau joujou de monsieur Schmitz sera uniquement rempli de morceaux illégaux (et votre conscience paiera), soit on n’y retrouvera pas grand-chose de plus que les démos « garage » du groupe de notre cousin germain.

Si Megabox sera réellement un produit innovant ou juste un énième ersatz des services de streaming déjà existants, l’avenir nous le dira. Par contre, peu de doute qu’il sera une plaie pour l’industrie musicale…

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