Festival des Libertés: palmarès et bilan

Le Festival des Libertés, qui s’est clôturé ce week-end, dévoile son palmarès. Retour sur un festival standardisé qui soulève des questions d’actualités.

On a eu raison de pousser la porte du Théâtre National en cette fin de novembre où se déroulait le Festival des Libertés. Après 10 jours de concerts, d’expos, de films et débats, les festivités se sont clôturées ce week-end et l’impression que nous a laissée le festival est plutôt agréable. Dans les grandes lignes, cette 8ème édition invitait chacun à s’indigner, à agir et à ouvrir les yeux sur les injustices du monde à travers le thème « Déconstruire les mythes, concrétiser les utopies » et posait cette question:  » Démocratie, égalité, liberté, progrès, performance, transparence… Ces principes invoqués par toutes les institutions et télévisions ne servent-ils pas à légitimer une réalité faite d’inégalité, de conditionnements et de violence? » Tout un programme donc, dont on ne peut que saluer l’initiative. A l’heure où le printemps arabe secoue encore l’Orient, où les injustices se creusent entre les pays du Sud et l’Occident, à l’heure où des crises politiques et financières font trembler nos sociétés d’opulence bâties sur des châteaux de cartes, s’indigner est presque devenu la norme. Bref, un festival qui tombe à pic en ces temps d’incertitudes.
Et si, derrière ces belles motivations, le festival n’échappe pas à une certaine standardisation, comme une bonne part des festivals dits « alter » ou engagés, la programmation n’en est pas moins séduisante et les thèmes abordés d’actualités. Il est temps de faire un récap’ et de balancer en quelques points pourquoi on reviendra avec plaisir l’année prochaine.

Pour les liens avec l’actualité

Les films sélectionnés s’inscrivent dans l’air du temps parce qu’un an à peine après le début du soulèvement arabe, certains d’entre eux traitent du sujet, ou en partie. Comme Culture of resistance, documentaire qui propose un aperçu des peuples sur les cinq continents qui luttent contre l’oppression à travers leurs créations artistiques, ou Le Printemps de Bayrouth, qui met en scène la révolte du Liban. Quand l’occasion se présente, des séances de discussions avec le réalisateur du film sont proposées en complément, juste après la projection, occasion idéale de lui poser des questions sur son film.
La démocratie, pilier de nos sociétés, est elle aussi égratignée au passage dans des docus éclairants tels que À l’ombre de la république, qui dénonce les failles des droits fondamentaux dans les prisons et hôpitaux et à travers des débats comme Propagandes et guerres « démocratiques ». Enfin, les possibilités d’un nouveau monde, plus juste, ont été abordées dans les débats la Conversion utopique ou encore Démocratie, chantier interdit! durant lesquels différents experts (psy, prof…) interviennent et proposent des pistes de réflexion intéressantes.

Pour les documentaires engagés

Si les pièces de théâtre et débats sont en général de qualité et les concerts, toujours un moment agréable à passer, ce sont plutôt les films projetés qui heurtent, choquent ou réveillent réellement notre conscience. Et quand certains documentaires dénoncent, ils ne font pas les choses à moitié. Ce fut le cas avec des films comme Vol spécial ou The dancing boys of Afghanistan, dénonçant des pratiques reniant les droits de l’Homme. On retiendra aussi You don’t like the truth (4 days inside Guantanamo), docu incisif – qui clôturait le festival samedi – dont on ne sort pas indemne. Le film se base sur une vidéo rendue publique en 2008 par la Cour Suprême du Canada retraçant les 4 jours d’un interrogatoire « illégal », celui d’Omar Khadr, jeune Canadien de 16 ans accusé du meurtre d’un américain. C’est au final une véritable torture psychologique qu’endure l’adolescent, menée par des agents du Service Canadien du Renseignement de Sécurité. En 1h30, à coup d’archives et d’interviews de témoins et de codétenus de Khadr, le film met en lumière l’abus de pouvoir des agents canadiens et américains face à ce garçon ayant subit les pires tortures (physiques puis psychologiques) dans le but de lui faire dire ce qu’ils ont envie d’entendre. Désigné coupable avant même d’être jugé. « I just want you to tell the truth! » – « I told you the truth but you don’t like the truth. »

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Pour les débats

« Une autre économie pour un autre monde », « Changer le monde en se transformant soi-même », la dictature du « avoir l’air heureux » dans la société… Derrière tous ces thèmes aux consonances utopiques, les débats proposés par le festival s’avèrent néanmoins intéressants la plupart du temps et, s’ils ne proposent pas toujours d’éléments de réponses, ils poussent à la réflexion. Et on s’est surpris à rentrer chez soi en philosophant sur le sens du bonheur ou l’invasion des technologies dans nos vies… Des questions qui résonnent encore en nous quelques heures après le débat.

Pour l’ambiance conviviale et la musique

Pas de panique: à côté des documentaires politico-engagés et des débats existentiels, le Festival des Libertés n’est pas une invitation à la déprime, loin de là. Il nous accueille dans le décor chaleureux du Théâtre National, du KVS et les expos photos et des citations envahissent les murs le temps de l’évènement. Entre deux bières, on est invités à venir s’exprimer sur le tableau « Before I die, I want to… » Et on y lit des sérieux « I want a world in peace », « I want to make a movie », des moins sérieux « I want to meet Obama », « …to see a Belgian Government » ou encore « …tell my family that I’m gay ». Soit. Et côté concerts, on épinglera ces groupes qui ont littéralement mis le feu au Théâtre National tels que The Peas Project, les belges OPMOC ou encore les énergiques Balkan Beat Box.

Finalement, qu’on y aille pour se détendre, pour s’informer ou militer, quoi de mieux que de trouver le juste équilibre et après un débat ou un film qui prête à réflexion, se relaxer et « jumper » au son des BBB?
Bref, même si on ne changera pas le monde, on reviendra.

Jessica Matthys (stg)

Palmarès du Festival:
Prix du Festival des Libertés: Which way home – Rebecca Cammisa
Mention spéciale du Jury du Festival des Libertés: Vol spécial – Fernand Melgar
Prix RTBF : The two Escobar – Jeff Zimbalist, Michael Zimbalist
Prix de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme : Dreaming Nicaragua – Marcelo Bukin
Mention spéciale du Jury de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme: Vol spécial – Fernand Melgar
Prix Lichtpunt (VRT) : Which way home – Rebecca Cammisa

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Festival des Libertés 2011

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