Un troisième album pour Eugene McGuinness, la version sympa d’Alex Turner

Eugene McGuinness sort Chroma, son troisième album. © DR
Elisabeth Debourse Journaliste

Chroma, le troisième album solo de l’Anglais Eugene McGuinness sort aujourd’hui et est disponible en streaming intégral.

Au royaume du nombrilisme et de la prétention exacerbés, le rock et la pop britanniques ont été couronnés roi et reine. Vendredi dernier encore, au festival Rock Werchter, Alex Turner prenait la pose, facilitant la tâche aux photographes présents. Replaçait inlassablement une mèche rebelle imaginaire et gominée dans une attitude qui fait peut-être rougir les midinettes, mais exaspère ceux pour qui un cuir sur les épaules ne suffit pas à perdre complètement le contrôle. Une attitude à l’image de la prestation: beaucoup d’agitation… pour pas grand chose. Ou plutôt, rien de plus que ce qu’un bon vieil album des Arctic Monkeys écouté dans sa salle de bain peut provoquer. On se dit surtout que les Monkeys n’ont rien changé à leur formule (longtemps gagnante) depuis ce Pukkelpop 2009 où le dandy agaçant avait passé le concert les mains vissées dans les poches (et à l’époque, il n’avait même pas le prétexte de vouloir éviter d’ébouriffer son style de teddy-boy agaçant). Fort heureusement, les brits ne sont pas tous fait dans le même moule estampillé Gallagher.

Prenons Eugene McGuinness, par exemple, auteur, compositeur et interprète anglais d’origine irlandaise, comme son nom qui fleure bon la bière brune le laisse deviner. Un premier album en 2008, salué par la critique anglaise et la tête de taille somme toute normale, et ce malgré une coupe de cheveux similaire à celle de Turner. Suivent deux autres disques, l’un avec son groupe Eugene & the Lizards et l’autre, The Invitation to the Voyage, il y a deux ans (comprenant le remarqué Lion). Ni frasque cocaïnée, ni clip mégalo et auto-congratulatoire, il est de ces garçons qu’on ne remarque pas du premier coup car trop poli. Pas de coup génie non plus, mais une voix de crooner des années cinquante (sans l’affect surjoué) et un son aigre-doux à la croisée des chemins, langoureux et cacophonique à la fois, dont Moscow State Circus est l’exemple parfait. Il mêle les genres, la pop sucrée et le rock’n’roll hyperkinétique, les guitares excédées et le clavier sautillant, tout en donnant toujours l’impression de savoir ce qu’il fait.

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Eugene McGuinness sort aujourd’hui sont troisième album, intitulé Chroma. Un disque qui, il faut l’avouer, n’était pas particulièrement attendu, mais une fois là, on se dit qu’on a failli passer à côté de quelque chose. Un disque à appréhender avec précaution, en commençant par exemple par les étonnants Godiva et Fairlight, tête et queue du wagon, qui constituent un virage pop-psyché teinté de rock’n’roll plus qu’alléchant. Pour vous faire les griffes, Chroma est en streaming intégral sur Deezer et est de loin son meilleur album à ce jour. Une chose qui n’est plus arrivé depuis longtemps à certains, probablement trop occupés à se tripoter le nombril.

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