Critique | Musique

Chronique CD: Lorde – Pure Heroine

Lorde © James K Lowe
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

POP | Derrière le hit Royals se cache une jeune Néo-Zélandaise d’à peine 17 ans. Lorde ou la dernière alternative en date à la pop de consommation massive?

Il y a plusieurs manières de s’attaquer aux hit-parades. Pour les décortiquer, commencer par exemple par la voie rapide: les gros tubes qui tachent, parfois un peu honteux, mais calibrés pour fonctionner, fascinants dans leur implacabilité, à leur place au sommet. De vraies machines de guerre. Ou alors s’engager sur la face nord: traquer l’anomalie, le carton-surprise, celui que l’on n’attendait pas forcément à cet endroit-là.

Chronique CD: Lorde - Pure Heroine

Au milieu de la dernière petite sauterie dance d’Avicii, du nouveau Lady Gaga, du dernier désapage de Rihanna ou encore des frasques de Miley Cyrus, on peut ainsi pointer Royals. Numéro 1 notamment en Angleterre et aux Etats-Unis, Royals se la joue presque minimaliste, programmation électronique rachitique et claquement de doigts pour une mélodie qui, si elle assume son côté pop, mise toute sa dynamique sur les croisements des voix. On est loin du harcèlement des têtes de gondole EDM, des agitations des donzelles échappées de chez Disney, et encore plus du déballage bling-bling. Les paroles ne disent d’ailleurs pas autre chose: « On s’en fout/on ne conduit des Cadillacs que dans nos rêves. » Ou encore un peu plus loin, en version originale: « We’ll never be royals/It don’t run in our blood/That kind of lux ain’t for us/We crave a different kind of buzz »

L' »autre sorte de buzz » dont il est question ici, on le doit à Lorde, (très) jeune Néo-Zélandaise. Fille de la poétesse Sonja Yelich, Ella Maria Lani Yelich-O’Connor, de son vrai nom, est née à Auckland en… 1996. Précoce, la jeune fille signait d’ailleurs son premier contrat avec la major Universal alors qu’elle n’avait que 14 ans. Logique donc qu’elle sorte un premier album à 17, après un premier EP qui avait déjà intrigué.

Dark alternative

Au-delà de son titre (bêtement) équivoque, Pure Heroine, produit avec l’aide de Joel Little, convainc notamment par ses paysages sonores (entre r’n’b glacé et pop électronique), sa langueur revendiquée. On pense parfois à The xx qui auraient croisé Sia. L’autre comparaison qui revient fréquemment est celle avec Lana del Rey, mêmes penchants dark, le minaudage sexuel en moins. La pochette de l’album est entièrement noire. Les humeurs de Lorde aussi, la plupart du temps. Depuis toujours, la pop est censée traduire les errances adolescentes, au moins autant que ses exubérances. C’est aussi cela que réhabilite Lorde: au milieu des soirées flashy, l’angoisse teenage (Team), le premier amour qui restera toujours le seul (Ribs). Et puis aussi l’ennui. « Don’t you think that it’s boring how people talk », lance-t-elle dès les premières secondes de l’album… Evidemment, il ne faudrait pas être dupe. Même si Lorde se pose volontiers en alternative aux tubes de consommation massive, le but reste identique: séduire et convaincre. Sans cracher dans la soupe, mais en tentant volontiers de l’épicer un peu. C’est bien parti…

  • LORDE, PURE HEROINE, DISTRIBUÉ PAR UNIVERSAL.

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