Julien Broquet

Poubelle la vie

Julien Broquet Journaliste musique et télé

Candidats atteints du syndrôme de Gilles de La Tourette, siamois et apprentis soldats peuplent à l’étranger les programmes de téléréalité. Qui dit mieux?

La chronique de Julien Broquet

Abby et Brittany Hensel sont proches. Extrêmement proches. Elles possèdent chacune une tête, un coeur et des poumons mais elles partagent tout le reste. En ce compris une série de téléréalité récemment proposée par la chaîne américaine TLC. Abby & Brittany suit la vie de ces siamoises de 22 balais à qui on ne donnait pratiquement aucune chance de survie à la naissance et qui, à six piges, passaient chez Oprah et faisaient la couverture du magazine Life. Bienvenue dans le monde de la reality TV. Celle qui tache. Qui dérange. Qui fait son beurre sur le dos de la misère humaine.

En Angleterre, Tourette’s Superstar confronte dans un télécrochet des candidats atteints du syndrome de Gilles de La Tourette. Cette maladie qui fait gueuler des gros mots, collectionner les tics et accumuler les gestes… explicites. Ces programmes peuvent se trouver des excuses. Une vocation didactique. Un effet prise de conscience. On y croit à mort…

D’autres répondent à des logiques plus insidieuses comme le Stars Earn Stripes auquel participent le mari de Sarah Palin, la fille de Mohamed Ali et l’acteur ancien joueur de football américain Terry Crews. L’émission où de vagues célébrités jouent à se faire la guerre, lancent des assauts amphibies, rampent dans la boue et tirent sur des cibles dans des ruines, est présentée par Wesley Clark, l’ancien commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR)… Vas-y que l’armée américaine recrute. Stars Earn Stripes a beau prétendre rendre hommage à celles et ceux qui se battent pour les Etats-Unis, il transforme la guerre en jeu et banalise la mitraillette. Une pétition de Prix Nobel a été jusqu’à demander l’arrêt du programme.

Se piquer et avaler

Il n’y a pas de limite à la téléréalité. Pas plus qu’à la connerie des hommes. Diffusé par MTV, I Want a Famous Face, par exemple, suit des quidams qui veulent ressembler à leurs stars préférées et s’inscrit dans la case reality TV chirurgicale. Là où Spuiten en Slikken (se piquer et avaler, en français dans le texte) fout les substances les plus diverses dans le tarin et les veines de ses présentateurs.

Quand il n’y en a plus, il y en a encore. Sur Channel 4, Sex Inspectors invite deux experts du cul à analyser et relancer l’activité sexuelle des couples. Aide ses participants à améliorer leur technique de fellation en s’entraînant sur une glace à l’eau.

La téléréalité à papa est dépassée. Faut qu’elle bouge, faut qu’elle cogne, faut qu’elle choque. Unbreakable fait passer les candidats de Koh-Lanta pour des fiottes. Solitary met ses participants enfermés dans un loft et appelés par des numéros, oui comme dans Le prisonnier, à l’épreuve de la douleur, de la privation de sommeil et de nourriture.

A côté de ça, Mini Miss, concours de beauté télévisuel pour des gosses de deux à neuf ans, et The Littlest Groom, un Bachelor pour les nains, ne feraient même plus sourciller. A ce rythme-là, le Truman Show et C’est arrivé près de chez vous finiront par dépasser le cadre de la fiction…

Voir aussi notre diaporama: « Le pire de la téléréalité »

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