Les séries mythiques revues et corrigées (6/7): CHiPs 2011

À la fin des 70’s, les gendarmes motorisés de CHiPs ont mordu le bitume et le cour de millions de fans. Aujourd’hui, leurs tribulations seraient difficilement réalisables.

CHiPs a vieilli, certes. Une pointe à 130 y était considérée comme une virée vers l’enfer, les femmes servaient uniquement de sparring-partners à un Poncherello chaud comme un pot ninja, le citoyen respectait encore la police qui le lui rendait bien…

Au-delà de ces menus détails, la série -qui date pourtant d’une trentaine d’années- fait encore mouche aujourd’hui. D’abord parce qu’avec ses couleurs délavées et ses Ray-Ban Aviator, elle ressemble furieusement au profil de 96% de nos contacts Facebook.

Ensuite parce que les infractions routières sont plus que jamais légion. Enfin parce que la recette (aux proportions variables) humour potache-action bravache est encore d’application dans une kyrielle de séries contemporaines à succès, de Human Target à Chuck en passant par The Mentalist.

Moelleux addictif

Ceci dit, le plaisir que l’on prend à revoir CHiPs ne vient pas tant de ses qualités intrinsèques que d’une marque de fabrique de l’époque: le confort. Dans les années 70 et 80, les séries étaient effectivement moelleuses comme de bonnes charentaises, et le public s’y vautrait inlassablement, tous les jours à la même heure, pour revivre cette sensation diffuse de chaleur, l’impression d’avoir regagné son foyer. Alors qu’en 2011, HBO, AMC et Showtime (pour ne citer qu’elles) rivalisent d’imagination et de moyens pour mettre au point des scénarios originaux traités sur des modes inédits, il suffisait à CHiPs d’exhiber les jaquettes dentaires étincelantes d’un Poncherello et la musculature gagnante de son acolyte John Baker après une course-poursuite victorieuse pour faire adhérer les masses.

Rien d’étonnant à ce que les chaînes de télévision tentent divers remakes du feuilleton culte du réseau NBC. Encore faut-il que ceux-ci soient crédibles.

BRiPs (Brussels ring patrol): Projet rapidement abandonné suite à sa première étude de faisabilité. Le ring de Bruxelles étant en pratique constamment embouteillé, une prise en chasse d’un suspect par la police motorisée serait fort peu télégénique. Une embardée à pas d’homme c’est tout de suite moins impressionnant.

CRiPs (Charleroi ring patrol): Un pitch séduisant sur papier, d’autant qu’il pouvait redorer le blason d’une ville souvent moquée. Sauf que, dans la réalité, les « avaries techniques de matériel roulant » auraient amené nos héros à prendre le bus pour rejoindre le lieu où ils comptent verbaliser. Patienter en sifflotant 30 minutes à l’arrêt des TEC pour aller faire un constat à Couillet, voilà qui fait peu rêver.

LROPs (Lasne route d’Ohain patrol): De jolis paysages, des dames blondes avec des noms suédois qui ont suivi leur mari en Belgique et rêvent désormais qu’on les emporte sur une bécane, des routes presque montagneuses dans lesquelles faire des dérapages contrôlés… L’auteur de ce synopsis a mené loin les négociations avec une grande chaîne de télévision, emballée par le sujet. Qui prendra toutefois l’eau suite à une pétition des riverains « Non à la détérioration de notre cadre de vie verdoyant par une escouade motarde ». Au bras de fer, emmenant avec eux la bourgmestre, le comité de quartier l’a emporté.

Résultat des courses: CHiPs 2011 est à l’arrêt et c’est peut-être tant mieux -d’autant que le coup d’oeil dans le rétroviseur a toujours de la saveur.

Myriam Leroy

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