Sophie Marceau en 5 navets

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Depuis « La Boum », l’héroïne de « LOL » n’a pas enchaîné, loin de là, que des films inoubliables depuis ses débuts en 1980. À l’occasion de la sortie d' »Un bonheur n’arrive jamais seul », petit retour forcément subjectif sur cinq de ses sorties de route artistiques…

L’Amour braque de Andrzej Zulawski (1985)

L’histoire: Une jeune prostituée, un gangster hystérique et un être innocent qui vivent des rapports passionnés se retrouvent pris dans la tourmente d’un règlement de comptes.

Autopsie d’un ratage: Sophie Marceau a rencontré Zulawski à Cannes en 1981 où il était venu présenter Possession. Naît alors une histoire d’amour qui deviendra aussi une histoire de cinéma. L’Amour braque est le premier des quatre films qu’ils tourneront ensemble. Très dénudée, Sophie Marceau y est entourée de Francis Huster et Tchéky Karyo. Comme dans La Femme publique un an plus tôt, l’intensité recherchée par le réalisateur fait place à une hystérie vite insoutenable et tournant rapidement à la parodie de film d’auteur. Librement inspiré de L’Idiot de Dostoïevski et seule contribution à un scénario d’Etienne Roda-Gil, L’Amour braque réussit ce tour de force d’être daté dès le jour de sa sortie. Le revoir aujourd’hui tient de l’expérience… Et les trois autres rendez-vous Marceau-Zulawski sur grand écran -Mes nuits sont plus belles que vos jours, La Note bleue et La Fidélité- furent hélas du même acabit.

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Pacific Palisades de Bernard Schmitt (1990)

L’histoire: Une jeune femme partie tenter sa chance à Los Angeles travaille comme serveuse dans un bar, et tombe amoureuse du fiancé de l’amie de sa mère, chez qui elle loge.

Autopsie d’un ratage: Ami d’enfance de Jean-Jacques Goldman, dont il était le réalisateur de clip attitré, Bernard Schmitt passait pour la première fois au cinéma avec cette comédie romantique qui ne se révèlera finalement rien d’autre qu’un trèèèèès long clip de 90 minutes. Co-écrit par Marion Vernoux (quatre ans avant ses débuts dans la réalisation) et accompagné par une B.O. évidemment signée JGG alors en pleine gloire, Pacific Palisades est un festival de clichés sur l’amour et Los Angeles avec une Sophie Marceau en roue libre qui se contente de singer ce qu’elle faisait si bien dans La Boum. Bernard Schmitt arrêtera là sa carrière de réalisateur pour le grand écran.

Pour Sacha d’Alexandre Arcady (1991)

L’histoire: En 1967, une jeune violoniste et un prof de philo partent en Israël vivre dans un Kibboutz, lorsque la guerre des Six Jours éclate…

Autopsie d’un ratage: Le réalisateur du Grand Carnaval s’essaie ici à une tentative extrêmement audacieuse: mêler contexte historique tragique et grands sentiments romantiques. D’autant plus audacieuse que les ravages collatéraux de la Guerre des Six Jours restent encore bien vivaces en ce début des années 90. Le résultat est accablant et tellement maladroit qu’il donne l’impression qu’Arcady cherche à instrumentaliser l’émotion pour raconter cet événement historique précis d’un point de vue si lourdement subjectif qu’il suscitera à sa sortie une salve de protestations. Mais les scènes lacrymales tournant vite au ridicule, cette ambition -si elle a existé- tourne court. On ne croit en rien ce qui se passe à l’écran et, au contraire d’un Richard Berry sobre, Sophie Marceau surjoue l’enthousiasme jusqu’à l’hystérie. Un naufrage.

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De l’autre côté du lit de Pascale Pouzadoux (2009)

L’histoire: Pour lutter contre la routine qui s’installe dans leur couple après 10 ans de mariage, un homme et une femme décident d’échanger leur vie. Elle se retrouve à la tête d’une société de location de matériel de chantier et lui devient vendeur de bijoux à domicile.

Autopsie d’un ratage: Cette adaptation du roman éponyme d’Alix Girod de l’Ain réunit deux des acteurs français les plus populaires: Dany Boon tout juste auréolé du triomphe de Bienvenue chez les Ch’tis et Sophie Marceau qui n’a jamais perdu ce statut depuis La Boum. La déception est à la hauteur de l’attente. Cette collection de clichés sur le couple échoue à provoquer le moindre éclat de rires et se transforme en plaidoyer machiste et moralisateur bien malgré lui. Le public lui réserve pourtant un triomphe en salles avant que le film ne tombe dans un oubli poli, dans lequel, par respect pour ses comédiens, nous le laissons volontiers reposer.

L’Âge de raison de Yann Samuell (2010)

L’histoire: Le jour de ses 40 ans une femme d’affaires accomplie reçoit un colis contenant des lettres, écrites par elle-même lorsqu’elle avait 7 ans et adressées à la future-femme qu’elle deviendrait. L’occasion inattendue de faire un bilan sur sa vie et la réalisation -ou non- de ses rêves.

Autopsie d’un ratage: Sept ans après le très inventif Jeux d’enfants, Yann Samuell va dans le mur alors qu’il arpente peu ou prou le même terrain: les différences entre nos rêves d’enfant et nos réalités d’adulte. Loin de la légèreté, de la poésie et du piquant enthousiastes de son premier long, L’Âge de raison se noie dans un océan de lourdeur, de langueur et de longueurs. Sans doute ses personnages sont trop âgés pour réagir comme ils le font. Peut-être a-t-il lui-même grandi et perdu de cette candeur qui faisait le charme de son premier long… En tout cas, on voit toutes les grosses ficelles de ce mélo pataud qui oblige Sophie Marceau, en roue libre, à tenter par un jeu de grimaces, de gros yeux et de moues boudeuses fabriqués de combler le vide intersidéral dans lequel elle évolue. Être bankable et avoir par là même le pouvoir de choisir ses films n’empêche pas les sorties de route incontrôlées.

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Thierry Chèze

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