Critique | Livres

Les Ignorants

CHRONIQUE | Pas besoin de baver devant une bonne bouteille pour apprécier « Les Ignorants » de Davodeau. Pour cette expérience graphique et humaine, le dessinateur de « Lulu femme nue » a partagé, une saison durant, le quotidien d’un ami vigneron.

LES IGNORANTS D’ETIENNE DAVODEAU, ÉDITIONS FUTUROPOLIS. ****

CHRONIQUE | Pas besoin de baver devant une bonne bouteille pour apprécier Les Ignorants de Davodeau. Pour cette expérience graphique et humaine, le dessinateur de Lulu femme nue a partagé, une saison durant, le quotidien d’un ami vigneron. De la taille de la vigne à la mise en bouteilles, en passant par l’ambiance des vendanges, le dessinateur propose une véritable immersion dans les coteaux du Layon (Loire). A l’inverse, Richard Leroy, quand il n’est pas occupé à bichonner ses ceps à coups de sécateur, profite de l’occasion pour s’initier à la BD. Pour ça, Davodeau lui livre chaque semaine une sélection d’albums que le vigneron ingurgite avant de s’endormir. Mieux, le dessinateur l’embarque chez son éditeur et dans certains salons renommés du 9e art pour lui dévoiler l’envers du décor. Du coup, on obtient un récit en forme de ping-pong, dans lequel chacun des 2 protagonistes devient le spécialiste de l’autre. Si l’un peut disserter des heures sur la qualité d’un sol, l’autre peut expliquer la profondeur d’un noir et son utilité comme zone de liberté pour l’imagination du lecteur. On assiste également à quelques repas arrosés où les propos lapidaires fusent comme des vérités de pochtrons. Ainsi, on apprend que Moebius ne tient pas la route et que Trondheim se complaît trop dans les récits animaliers. Piqué au vif par la remarque, l’auteur de Lapinot se fend d’ailleurs d’une page explicative pour défendre sa « théorie du bec d’oiseau ». Les Ignorants parlent de vin et de BD avec la pertinence des béotiens qui posent les bonnes questions. Du coup, on se retrouve avec un album amical et passionnant où l’aspect didactique affleure, sans jamais déranger le cours du récit. Un amateur de bières peut se délecter de ce livre. C’est tout dire.

Vincent Genot

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