Americlap, le jeu vidéo qui tape sur les Américains et les Français

Americlap © Chris Blutch
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Certains dictateurs assassinaient le premier spectateur qui s’arrêtait d’applaudir. Americlap y va d’un game over lourd de sens pour les États-Unis et la France.

La Coupe du monde, cette guerre mondiale civilisée (?) sur gazon, aiguisera les patriotismes ces prochaines semaines. Originaire de Leicester dans le centre de l’Angleterre, Chris Bulch a toujours été intrigué par l’amour que portent les Américains à leur drapeau. Son Americlap, un micro-jeu d’arcade qui demande au gamer d’applaudir à l’infini face au Stars and Stripes, en témoigne. Figurant parmi les rares pays au monde où l’on suspend le drapeau sur sa façade même lorsqu’il n’y a pas d’événement (sportif) majeur, le pays de l’Oncle Sam et son nationalisme inhérent y sont mis en scène avec talent.

Les paumes chauffent sur Americlap. Le titre gratuit et a priori crétin utilise en fait le micro du PC pour demander au gamer de frapper dans les mains le plus fort et le plus longtemps possible tout en gardant un rythme constant pour garder le drapeau hissé haut. S’arrêter une fraction de seconde se solde par une chute inexorable du drapeau. Le game over se conclut, lui, par un « You Hate Freedom » (« Vous détestez la liberté ») illustré d’un drapeau français.

Dans une interview livrée à Vice, Chris Bulch précise que son projet a démarré comme une « blague entre amis » mais qu’il a finalement muté en « regard britannique posé sur les USA, un peu comme l’a été la saga des Grand Theft Auto -à une plus petite échelle ». Et ce dernier de relever également l’étrange coutume américaine des pourboires obligatoires en livrant un scoring sous forme de Tips en dollars, qui augmentent selon le temps passé à applaudir. Impossible donc de ne pas se sentir ridicule au bout de cinq minutes d’ovation. A chacun son interprétation, selon Bulch, qui soutient qu’Americlap illustre la puissance interprétative du jeu vidéo face au cinéma qui aiguille les sentiments de ses spectateurs.

America, Fuck Yeah

Pourtant, le jeu vidéo triple A regorge autant que le cinéma, si pas plus, d’exemples promulguant l’amour de la patrie, la main sur le coeur. Hyper nationaliste, Call of Duty demandait ainsi de nettoyer le Capitol à Washington sur Modern Warfare 2 et de repousser une occupation sud-américaine en terres US sur Call of Duty: Ghosts. Des uchronies où les USA sont occupés par des Soviets (Freedom Fighters) ou des nazis (Wolfenstein: The New Order) titillent également la fibre nationaliste. Heureusement, la contre-culture américaine aime flageller ses semblables. Le patriotisme ridicule de Broforce, Duke Nukem et l’American McGee’s Bad Day L.A. (un sans-abri noir aux prises avec des terroristes, un tremblement de terre, un tsunami et des zombies!) en témoigne. Americlap tape lui sur les Américains et les Français. Et la création de s’inscrire dans une vague anti-hexagonale qui prend de l’ampleur en terres anglo-saxonnes. De Vanity Fair au New York Times en passant par une pub pour Cadillac, konbini.com pointe ainsi avec justesse cette tendance. Un french bashing(1) qui prend un éclairage particulier depuis le sacre du FN aux dernières élections européennes.

(1) DÉNIGREMENT FRANÇAIS SOUVENT PRATIQUÉ DANS LES PAYS ANGLO-SAXONS.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content