Critique | Musique

L’évangile pop selon Chvrches

Chvrches © DR
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

La meilleure manière d’enchaîner après un succès? Faire la même chose, mais en mieux. C’est en tout cas la recette appliquée par Chvrches. Une formule gagnante.

Les années 80, cet éternel retour… Il faudra un jour clairement identifier ce qui a germé à ce moment-là de l’histoire de la pop music pour que la décennie continue ainsi de percoler encore et encore. En attendant de trouver une hypothèse valable, les eighties continuent de flotter dans l’air, y compris dans celui des hit-parades. Le premier album de Chvrches par exemple, paru en 2013: rares sont ceux qui ont prévu son succès. Deux ans plus tard, The Bones of What You Believe frôle pourtant le million d’exemplaires vendus. Cela aurait été un joli carton il y a encore quelque temps d’ici. En l’an 15 après Napster, c’est carrément un triomphe….

« Je fais partie d’un groupe qui est né avec Internet », expliquait ainsi la chanteuse Lauren Mayberry, dans une tribune publiée dans le Guardian. C’est certainement vrai pour la manière dont se sont répandues les chansons du groupe. Musicalement, pourtant, la gamme de tons et de sons utilisés par Chvrches pioche allégrement dans le nuancier eighties. Notamment à coups de gros synthés décomplexés et de boîte à rythmes vintage. Le trio écossais est loin d’être le seul dans ce cas. Mais contrairement à beaucoup d’autres projets aux contours rétro plus affirmés, les Ecossais ont le chic pour trousser des mélodies qui collent à l’époque. Ou pour le dire autrement, les références électro-pop du trio ont beau être évidentes (jusqu’à la pochette qui rappelle le Power, Corruption & Lies de New Order), leurs morceaux n’auraient malgré tout pas pu sortir à un autre moment…

En autarcie

Restait à voir si Chvrches allait pouvoir tenir sur la longueur, ou à tout le moins déjà passer le cap du second album. Après le succès du premier, le scénario semblait écrit d’avance: il était facile d’imaginer la liste de producteurs proposés par le label, longue comme le bras; ou celle des auteurs à succès qui essaient de refiler des tubes sur mesure… Rien de tout cela n’a pourtant eu lieu. Au lieu des grandes manoeuvres, Lauren Mayberry, Martin Doherty et Iain Cook se sont retrouvés dans leur petit studio de Glasgow et ont pondu et produit eux-mêmes les onze morceaux de l’album, quasi en autarcie.

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En s’appuyant sur ses bases, Chvrches n’a pas foncièrement modifié son approche. Comme The Bones of What You Believe, le nouveau Every Open Eye enfile les sucreries électro-pop. Entre-temps, elles ont cependant gagné de l’ampleur, en s’affranchissant de leurs dernières timidités. L’assurance dégagée par Chvrches est impressionnante, sonnant plus que jamais comme un vrai groupe, et pas le véhicule de la seule Mayberry (Doherty chante par exemple sur High Enough to Carry You Over). Parfois plus très loin des hymnes de stade, bigger, bolder and better, les chansons semblent portées par une foi qui renverse ici tout sur son passage. On pense à la charge de Keep You on My Side. Ou encore au parfait crescendo pop de Clearest Blue, morceau-pivot et essentiel du disque, qui explose dans un riff de synthé à la Depeche Mode, période Just Can’t Get Enough. Brillant tout simplement.

DISTRIBUÉ PAR CAPITOL.

EN CONCERT LE 14/11, À L’ANCIENNE BELGIQUE, BRUXELLES.

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