Renée

INTIME | Six ans après l’âpre Lucille, Ludovic Debeurme clôt de brillante et étouffante manière ce diptyque avec Renée, qui reprend certains des personnages du premier volume. Une somme -pas loin de 1000 pages au total-, et déjà un incontournable.

Renée, par Ludovic Debeurme, éditions Futuropolis, 4/5

Certains personnages traversent les 2 livres, telle Lucille qui semble avoir laissé derrière elle ses problèmes d’anorexie. Semble seulement, car les vieux démons ne se laissent pas facilement distancer. Arthur est en tôle, prisonnier de sa tête, de son lit, de sa cellule, de la prison elle-même. Comme capturé dans une poupée gigogne de silence, des murs qu’on ne brise pas sans en payer le prix. On pourrait invoquer plusieurs noms pour situer l’ambiance de Renée. Ceux de Charles Burns (Black Hole) pour les corps en mutation, les corps qui en cachent d’autre, et de Dan Clowes pour ces visages aux proportions légèrement incorrectes, ces silhouettes parfois grotesques, juste ce qu’il faut pour être dérangeantes. Renée est une oeuvre du malaise, des frontières mouvantes, des déséquilibres permanents. La perte des êtres chers crée un vide qui aspire les personnages en avant, les fait se mouvoir sans qu’ils sachent jamais s’ils avancent ou s’enfoncent.

V.D.

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