Fable III, certes léché, mais pas révolutionnaire

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Réunissant un casting vocal de premier choix, « Fable » passe au steampunk pour son troisième volet. Un opus dont l’humour efface la paresse.

On avait quitté l’Albion de Fable II à l’âge médiéval. Ce royaume gorgé d’heroic fantasy tordue avance dans le temps. Et passe naturellement à la révolution industrielle dans le troisième volet du jeu de rôle (RPG) phare de la Xbox 360. Plus noir, cet univers dickensien n’oublie cependant pas d’enrober d’humour pythonesque son gameplay mélangeant action-aventure, gestion et socialisation.

Se moquant et mettant en abîme avec un rare talent le premier degré souvent désespérant des RPG, Peter Molyneux (son créateur) ne remodèle donc pas les ressorts ludiques de sa série fétiche. Le créateur de Magic Carpet, qui a pour habitude de ne pas tenir ses mirobolantes promesses, a par exemple abandonné la prise en charge du Kinect, initialement prévu pour se passer de manette dans certaines phases de jeux d’arcade tapissant sa production.

Entendue, la trame de Fable III glisse le joueur dans la peau d’un jeune prince (ou princesse) levant une armée pour renverser son frère machiavélique arrivé au trône. Pour y parvenir, celui-ci rallie diverses bourgades et groupuscules disséminés dans un royaume au bord du gouffre. Malgré ce pitch éculé demandant au joueur de gagner la confiance de ces communautés en terminant un certain nombre de mini-quêtes, Molyneux pousse son raisonnement plus loin. Fable III a ainsi le chic de raconter l’après-victoire. Une fois sur le trône, une mécanique vaguement inspirée de Sim City se met ainsi en branle permettant d’adopter un comportement odieux ou compatissant envers ses sujets. D’exécuter ou d’épargner sa crapule de frère aussi. Loin d’être aboutie, cette dernière phase de jeu couronne en fait une série de délicieuses missions où la dérision règne en maître.

Python Molyneux

On se retrouve ainsi aux mains de trois amateurs de jeux de rôle, propulsé dans un pastiche de scénario de jeu de rôle classique se construisant au fil de leur imagination adolescente. Molyneux réécrit également l’invention de la tragicomédie avec une vraie-fausse pièce de théâtre dont on est l’acteur principal. Porté sur des poulets démoniaques et des nains de jardin maléfiques, Fable III perpétue l’héritage de Tim Schaffer. Du non-sens comme on en voit trop rarement dans le jeu vidéo mainstream. On aime cette excentricité en tweed et accent british dans un monde médiéval fantastique cohérent plutôt sérieux. Croiser, dans un village triste, un coiffeur à la coupe rose montée en chantilly excite les papilles.

Sourire aux lèvres, on pardonne donc facilement les phases de combat trop faciles, entre magie, armes à feu et armes blanches. On oublie aussi le manque d’innovations du volet social de Fable III. Séduire la population, acheter des maisons, des commerces et trouver une (des) épouse(s): Fable III se pose encore comme un Sims embryonnaire, dialogues en onomatopées ridicules compris. Convenu dans sa structure, autant que dans ses mini jeux d’arcade accessoires façon Guitar Hero, Fable III relève en fait de la magie. Celle qui, par une ambiance irrésistible, nous fait oublier que le jeu n’a guère évolué depuis son précédent épisode.

Fable III, édité par Microsoft et développé par Lionhead. Age 16+. Disponible sur Xbox 360.

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Michi-Hiro Tamaï

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