Les séries mythiques revues et corrigées (5/7): la clé des champs

La petite maison dans la prairie vous manque? Focus en a imaginé une version comtemporaine aromatisée au purin d’orties.

La symphonie pastorale aura duré 9 ans, autant de saisons et 205 épisodes. La petite maison dans la prairie, série culte parmi les cultes, a fleuri de 1974 à 1983 sur la chaîne américaine NBC. Le temps pour son héroïne au regard bovin Laura Ingalls de faire son entrée à l’école comme élève puis en tant qu’institutrice, de se marier, de devenir mère et d’être ainsi éloignée des estrades et tableaux noirs. Nous étions à la fin du XIXe siècle, dans un bled du Minnesota qui ne brillait pas par son bouillonnement culturel ni son avant-gardisme politique. Les tragédies et les passions, c’est à l’école qu’elles se nouaient. Entre fillettes à nattes aux ongles méticuleusement inspectés chaque matin, garçonnets en salopettes amish et professeurs bienveillants. Les parents, eux, étaient des modèles de courage et de dévotion, douchés quotidiennement de mots d’amour de leurs petiots « Je t’aime tellement maman« , « Merci de travailler si dur pour nous« . Ma Ingalls se saignant ainsi aux 4 veines pour confectionner des robes neuves à sa marmaille, conservant elle ses frusques élimées. La fausse note de ce concerto pour bottes de foin: Nellie Olson, infâme petite gosse de riches, incorrigible peste qui traitera Laura et sa s£ur de « paysannes » lors de leur premier jour d’école. Hou l’insulte. Parce qu’à l’époque, ça ou « crevardes« , c’était kif-kif bourricot.

La ferme célébrités

Remise au goût du jour, La petite maison dans la prairie n’aurait pas la même tronche. D’abord, ce serait la grande maison. Passive, l’habitation, qui revendrait une partie de l’énergie en trop qu’elle génère à ses voisins -des pensionnés bruxellois exilés à la campagne (Madame est peintre à ses heures, elle aimait la lumière du coin, Monsieur est persuadé que la pollution électromagnétique de la capitale allait lui donner le cancer).

Une ferme sans animaux (ça va pas, non?) où la famille Ingalls cultive des légumes oubliés bio, panais, rutabagas et autres topinambours. Adeptes de la permaculture à la portée de tous, ils revendent une partie de leur production sous forme de paniers à retirer chaque semaine dans une épicerie-librairie de Saint-Gilles. Le succès est évidemment au rendez-vous, et la petite tribu (maman, sa copine, Laura, Mary, Carrie et leur jeune frère Yufayyur -« plus beau que la lune »-, baptisé ainsi sur base des conseils du site Web « Un prénom amazigh, un cadeau pour la vie ») vit plus que confortablement.

Laura, 16 ans, a tout pour être heureuse. Tout, sauf Pablo. Un routard chilien qui avait planté sa tente dans le jardin familial l’été dernier, travailleur volontaire dans le cadre du projet WWOOF qui met en contact exploitations agricoles bio et jeunes bénévoles autour de l’idée qu’un autre monde est possible.

Pablo qui a levé le camp en réduisant en miettes le c£ur de la jeune fille: il devait poursuivre sa route, un MBA à MIT l’attendait du côté de Boston.

Depuis, Laura se meurt. Elle a décidé de ne pas prendre part aux vacances annuelles au Minnesota, mais de participer à la place à une formation en analyse transactionnelle dans le Rif marocain. Un périple intérieur qui sera contrarié par la rencontre d’une jeune stagiaire jalouse de ses dreadlocks, Nellie Olson.

Ce synopsis avait été proposé à une grande chaîne de télévision. Puis retiré du circuit: ses auteurs refusant que de la publicité commerciale ne saucissonne les épisodes.

Myriam Leroy

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