11 petites minutes à l’écran dans Doubt ont valu à l’actrice afro-américaine Viola Davis une nomination pour les Oscars.

« Il n’y a pas de petits rôles, disait l’homme de théâtre Constantin Stanislavski. Il n’y a que de petits acteurs. » Cette thèse, Viola Davis fait plus que la confirmer à travers sa renversante prestation dans Doubt, le deuxième long métrage du réalisateur John Patrick Shanley. Grâce à une seule scène où elle donne la réplique à Meryl Streep et incarne la mère, faussement indifférente et très rationnelle, d’un gamin prétendument abusé, la comédienne a décroché une nomination aux Oscars.

 » J’ai reçu le script quatre mois avant l’audition, se souvient-elle. Ettant mieux. Parce que je n’avais pas la moindre idée en le lisant de qui était cette Madame Miller. Un personnage auquel il était difficile de donner vie. Une femme qu’il me fallait d’abord découvrir. » Et que l’actrice a fini par apprivoiser. Mieux. Par habiter. En 11 minutes, Viola Davis fait passer une vie entière sur son visage. Un visage qui traduit les efforts, la douleur, la violence et le mal qu’aide à digérer l’indéfectible amour qu’elle porte à son fils.

Colère blanche

Simple et directe, posée et pleine de vie, la comédienne, rencontrée dans un somptueux hôtel londonien, rompt avec les standards hollywoodiens et le chic vide du star-system. Née le 11 août 1965 à Saint Matthews, en Caroline du sud, fille d’un palefrenier, elle passe la majeure partie de son enfance dans une communauté essentiellement blanche de Rhode Island. « Nous avons grandi dans une pauvreté abjecte. Jouer, écrire des scripts et des sketchs ont été dès notre plus jeune âge un moyen d’échapper à notre environnement » commente-t-elle à propos de ces douloureuses années. Avec sa s£ur, depuis devenue professeur, elle s’amuse à incarner des femmes blanches en bonne santé.

Passée, adolescente, par la Young People’s School for the Performing Arts, licenciée de la Juilliard School, Docteur honoris causa du Rhode Island College, Viola Davis effectue ses premiers pas au cinéma en 1996 avec une brève apparition dans Substance of fire de Daniel J. Sullivan. Puis, elle enchaîne de nombreuses séries télé ( New York Section Criminelle, Les Experts…) et défile de manière plus récurrente au générique de City of angels, Série médicale sur les vies intimes et professionnelles d’un personnel hospitalier dans les quartiers défavorisés de Los Angeles.

C’est cependant grâce à son travail sur les planches que Viola Davis gagne ses galons et collectionne les consécrations. Elle reçoit notamment en 2001 un Tony et un Drama Desk award pour son rôle dans King Hedley II d’August Wilson. Pièce qui la voit incarner une mère de 35 ans, enceinte, luttant pour le droit à l’avortement. Au cinéma, Davis a tourné sous la direction d’Oliver Stone ( World Trade Center), Todd Haynes ( Loin du paradis), Denzel Washington ( Antwone Fisher) et, surtout, Steven Soderbergh. Elle joue ainsi dans Hors d’Atteinte (1998), campe une assistante sociale pour Traffic et occupe le haut de l’affiche dans Solaris. Elle vient de terminer Jeux de pouvoir de Kevin Macdonald, adaptation d’une série télé, et de rejoindre Jamie Foxx au casting du thriller psychologique Law Abiding Citizen.

Julien Broquet, à Londres

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content