Critique | Livres

Le roman de la semaine: Creole Belle de James Lee Burke

James Lee Burke © DR
Laurent Raphaël
Laurent Raphaël Rédacteur en chef Focus

POLAR | Salement blessé à la fin de L’Arc en ciel de verre, on se demandait si David Robicheaux reviendrait un jour affronter tous ceux qui -gangs de la drogue et de la prostitution, mafia du pétrole, politiciens véreux…- portent atteinte à l’intégrité de la Louisiane depuis 20 romans.

James Lee Burke n’a pas eu le coeur d’abandonner son alter ego. Pas encore du moins. On retrouve donc le shérif-adjoint de la paroisse de New Iberia à l’hôpital, où il se retape de plusieurs opérations. En proie aux hallucinations -il carbure à la morphine-, l’ancien soldat du Vietnam est pourtant persuadé d’avoir eu la visite d’une jeune fille qui gagne sa vie en chantant dans un cabaret du coin. Problème: elle a disparu depuis des semaines. Tout comme sa soeur d’ailleurs. Une fois remis sur pied, Robicheaux va en faire une affaire personnelle, épaulé par son acolyte Clete Purcel, lui-même empêtré dans une série de meurtres qui pourraient avoir été commis par quelqu’un de très proche… Hantée par les fantômes du passé comme l’était déjà Dans la brume électrique avec les morts confédérés (adapté au cinéma par Bertrand Tavernier), cette fable crépusculaire moite aux accents faulknériens navigue dans les eaux troubles de la culpabilité et de la déchéance, morale et écologique. Car comme toujours chez Burke, la nature joue un rôle essentiel. Elle est le marqueur de nos errements. La désillusion couleur pétrole pourrait tout ensevelir si une lueur d’espoir ne perçait in extremis au bout de la route. A croire que ce grand écrivain, qui a pourtant déserté la Louisiane pour le paisible Montana, ne pouvait se résigner tout à fait au naufrage de son Eden.

POLAR DE JAMES LEE BURKE, ÉDITIONS RIVAGES, TRADUIT DE L’ANGLAIS (ETATS-UNIS) PAR CHRISTOPHE MERCIER, 620 PAGES.

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