Red Snapper remonte le courant

Pour clore son édition 2011, dimanche, le Gent Jazz invite notamment les Anglais de Red Snapper, rescapé des années 90. Ou quand toutes les musiques dance made in Uk, de la drum’n’bass au dubstep en passant par le hip hop et le jazz, se fondent en une seule.

Etre ou ne pas être hype? L’arme est à double tranchant: profitez de la vague et vous risquez de redescendre aussi vite sur terre; mais négligez-là et le danger reste de passer inaperçu. Branché, Red Snapper l’a été au milieu des années 90. Seul groupe instrumental braqué sur le live au milieu de la pépinière électronique du label Warp, il s’arquait parfaitement sur la scène drum’n’bass du moment. Sans pour autant s’y fondre complètement. « Le fait de ne pas vraiment appartenir à une case en particulier est notre drame. Mais aussi notre plus grande chance« , rigole Ali Friend, l’un des trois membres originels du groupe.

De fait. Quinze ans après avoir sorti leur premier album, et s’être offert une pause/séparation de 7 ans, Red Snapper n’est peut-être plus hype. Mais cela n’empêche pas sa fusion de garder tout son sel et sa pertinence. Exemple avec le récent The Key, sorti au printemps. Les explications d’Ali Friend.

– Il y a 3 ans, avec Richard (Thair, NdR), on a commencé à s’envoyer des fichiers sons. Ce n’était pas la première fois. Mais cette fois-ci, la manoeuvre a fait partie du processus créatif. Il ne s’agissait plus seulement de s’échanger des informations. Le but était de se renvoyer la balle, voir ce que cela pouvait donner. Un peu comme le jeu du téléphone arabe: vous chuchotez une phrase à votre voisin qui la transmet au suivant, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’elle revienne à vous. La plupart du temps, le message a été déformé. Il n’est plus le même, mais cela reste un message.
Vous avez aussi enregistré à la maison.
– Oui, pour des raisons de temps, et financières aussi : nous n’avions pas encore de label à ce moment-là. C’est assez enivrant en fait. Vous avez le contrôle total de ce que vous faites – si vous voulez enregistrer dans la cuisine, vous pouvez le faire -, vous bossez autant que vous voulez et quand vous voulez. On a tout gravé en 7 jours, en travaillant quasi jour et nuit. Ce fut assez intense
Avez-vous aujourd’hui une idée claire de ce qu’est Red Snapper? son identité musicale?
– Je ne sais pas trop. On ne l’a jamais su. On veut pouvoir se permettre d’évoluer et de changer en permanence. On a bien essayé de nous mettre dans une case : hip hop, drum’n’bass, jazz… mais on est un peu tout ça. Pour le moment, Red Snapper est surtout une bande de potes, dans les 40 ans, qui aiment faire de la musique instrumentale.
La scène électronique anglaise actuelle est très active: le dubstep, le UK Funky… Vous en tenez compte?
– Cela fait en tout cas partie de ce qu’on écoute. Le UK Funky en particulier. Le dubstep peut-être un peu moins, mais c’est certain qu’on peut retrouver des éléments si l’on creuse. Avec The Key, notre musique est peut-être moins agressive que dans le passé. Il y a une mélancolie, un truc un peu  » dark  » que l’on peut retrouver par exemple dans le dubstep.
D’où vient ce côté plus sombre?
C’est peut-être simplement dû au fait que l’on vieillit (rires)… Il y a toujours des gens qui aiment se plonger là-dedans, dans une sorte de spleen, de mélancolie. Cela fait un peu office d’antidote à toute la merde qu’on peut entendre à la radio, tous ces trucs de téléréalité à la con, X-Factor et cie…
Le phénomène est toujours aussi important en Angleterre?
Il diminue un peu quand même. Et puis il y a des signes encourageants. Je lisais l’autre jour qu’en Angleterre les labels indépendants – ceux qui restent en tout cas- n’ont plus affiché d’aussi beaux résultats depuis 15 ans. Les gens en ont peut-être assez… Je vois aussi pas mal de kids qui se mettent à racheter des vinyles. C’est plutôt une bonne nouvelle…
Vous existez depuis plus de 15 ans. C’est plus facile d’être musicien aujourd’hui?
– En fait, le plus compliqué est de trouver le temps pour faire la musique. On est de plus en plus accaparé par des activités connexes. Se faire connaître, faire savoir aux gens que vous avez passé du temps sur un disque, qu’il est disponible… Aujourd’hui il y a énormément de canaux. Mais du coup, vous pouvez y passer vos journées, à essayer d’attirer l’attention des gens sur ce que vous faites. Créer est devenu plus simple. La conséquence c’est qu’il y a d’autant plus de musique à écouter. On ne se plaint pas. On a l’incroyable privilège d’être là depuis un bout de temps. La semaine dernière, on a joué pour la première fois en Bulgarie, devant 4000 personnes. C’était complet, les gens connaissaient déjà le nouvel album… On a beaucoup de chance. Mais pour les nouveaux groupes, cela doit être un cauchemar.

L.H.

Red Snapper, The Key, V2

En concert, ce dimanche 17 juillet, Gent Jazz, à Gand.

www.gentjazz.com

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