Critique

Barry Lyndon

© PG

L’une des pièces maîtresses de la filmographie de Stanley Kubrick. En disant cela, on a déjà presque tout dit. Tout simplement divin.

BARRY LYNDON, DRAME HISTORIQUE DE STANLEY KUBRICK. AVEC RYAN O’NEAL, MARISA BERENSON, LEON VITALI. 1975. *****
Ce samedi 23 juin à 22h05 sur La Une.

Barry Lyndon est un de ces chefs-d’oeuvre du 7e art dont on ne se lasse pas de redécouvrir les richesses. Stanley Kubrick, un des plus grands génies du cinéma, s’y montre au sommet de son art dans une adaptation sublime du roman de William Makepeace Thackeray, paru en 1844 (Mémoires de Barry Lyndon). L’action se déroule au XVIIIe siècle, en Irlande. Nous sommes dans les années 1750 et le jeune Barry se retrouve orphelin de père suite à un duel. Elevé par une mère dévouée, qui refuse de se remarier pour se consacrer à son éducation, il tombera amoureux de sa cousine… qui lui préférera un riche capitaine anglais. Croyant avoir tué ce dernier en duel (il l’a laissé pour mort, mais il ne l’est pas), Barry quittera sa campagne pour Dublin. Ce sera le début de nombreuses mésaventures, où revers de fortune et ascension vers un statut envié auront tour à tour leur place.

Film fleuve admirablement construit et réalisé, Barry Lyndon trace le portrait d’un homme et de son époque. Un portrait volontiers critique, et même cruel, mais peint de magnifique manière par un cinéaste utilisant l’écran comme un peintre utilise sa toile. John Alcott, remarquable directeur de la photographie, est le complice talentueux de tous les essais de Kubrick, comme ce pari d’éclairer certaines scènes à l’aide de seules bougies (et de lentilles Carl Zeiss), qui donne aux images une splendeur inédite. Le film s’achève sur une note ironique, les protagonistes trouvant l’égalité dans la mort. Et il contient des notes d’humour noir que l’élégance du style masque sans les cacher totalement. Tout est subtil dans Barry Lyndon, récit d’apprentissage plein d’amertume sur la nature humaine. L’interprétation de Ryan O’Neal aussi, malgré les critiques qui s’abattirent sur le jeune comédien au prétexte de froideur et d’inexpressivité. Ceux qui firent ces reproches n’ont rien compris à la démarche-même de Kubrick, qui choisit le jeune interprète de Love Story justement pour le côté lisse et peu mobile de son (beau) visage. Une manière de priver son héros… d’héroïsme, de lui conférer un aspect quelque peu robotique, rejoignant la critique sociale contenue dans le film tout en renforçant sa dimension universelle.

Louis Danvers

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