Clip, pub & ciné: la nouvelle vague

© PG

Des acteurs de clips qui se lancent dans la pub ou le cinéma, ou inversement. Ca valait bien la peine d’en faire un petit documentaire pour éclairer les liens parfois tendus entre ces genres. Mais ça méritait tout de même mieux.

Court. Pas inintéressant. Branché. Mais pas révolutionnaire pour un centime de kopek. Voilà, en quelques mots, ce que nous inspire le documentaire de Frédéric Benudis. Lequel s’est attaqué à la question du lien entre clips, publicités et cinéma, lien qui n’aura certainement pas échappé aux plus avertis.

Les Spike Jonze, Ridley Scott ou David Fincher, pour prendre des exemples issus de générations différentes, viennent tous de la pub et du clip. Pareil pour Michel Gondry, que Benudis a eu la bonne idée d’intégrer dans son incroyable brochette de témoins. Valerie Faris et Jonathan Dayton (Little Miss Sunshine), Jonas Akerlund (le clip Smack my bitch up de Prodigy), Zack Snyder (le fascisant 300 et le bien plus convaincant Watchmen), Marc Webb (500 jours ensemble) ou encore l’utra-producteur Jerry Bruckheimer font partie de ce panel capté classiquement, malgré quelques split-screen.

Gros bémol: beaucoup de théorie (les clippeurs et pubbeurs seraient plus malléables, moins chers et souvent conviés à réaliser des films d’action ou des envolées de super-héros, tandis que leur capacité à raconter une histoire en peu de temps mais avec des images fortes leur permettrait naturellement de forcer les portes du cinéma). Mais, malheureusement, une utilisation chétive des illustrations. Frustration. Quand Vincent Cassel parle de (et aux côtés de) Romain Gavras et de son clip Stress (pour Justice, scandale), on aimerait bien en revoir un petit morceau. Niet.

Pas évident, dans cet esprit, de capter totalement l’attention des non-spécialistes. On se consolera avec l’entretien musclé de Tony Kaye, aussi ingérable devant la caméra de Frédéric Benudis que durant la post-production de son seul long métrage célèbre, American History X.

Les guignols du documentaire

Venu du clip, le Londonien Kaye s’est fait chiper le montage du film par Edward Norton, mécontent de la première mouture délivrée par le cinéaste. Kaye décida alors d’acheter 35 pages de pub dans les médias spécialisés pour dénoncer cette OPA hostile, grillant par la même occasion ses chances de percer dans le cénacle hollywoodien. « J’ai des choses bien plus intéressantes à dire que le reste des guignols qui seront dans ce documentaire », rage Tony Kaye. Depuis 30 ans, la pub et le clip servent de tremplin aux cinéastes du visuel: reste à savoir si les bidouilleurs du Web prendront la relève, comme certains l’anticipent. Car d’un petit film et d’un gros buzz, on ne tire pas forcément du Kurosawa ou du Allen.

Clip, pub & ciné: la nouvelle vague, 20.45 sur Be Ciné.

Documentaire de Frédéric Benudis.

Guy Verstraeten

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