Critique

Critique ciné: The Farewell Party, jouir avant de mourir

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Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

TRAGI-COMEDIE | Sharon Maymon et Tal Granit signent avec The Farewell Party un film drôle sur le droit de choisir sa mort.

Le droit de mourir dans la dignité plutôt que de souffrir inutilement fait l’objet de débats dans toutes les démocraties. Il inspire aussi le cinéma, comme l’a démontré naguère le bouleversant Mar adentro d’Alejandro Amenabar, et plus récemment Miele de Valeria Golino et le documentaire de Manu Bonmariage Vivre sa mort.

L’originalité de The Farewell Party, premier film israélien à oser aborder le sujet, est de prendre le parti d’un ton tragi-comique, mêlant à l’émotion un humour en forme de pied de nez au double refus que loi et religion (souvent solidaires dans leur conservatisme obtus) opposent au souhait légitime de maîtriser sa vie jusqu’à en décider le terme. L’audace du film coréalisé par Sharon Maymon et Tal Granit (lire leur interview page 20) résidant par ailleurs dans le fait qu’il ne s’attache pas seulement au parcours de personnages en fin de vie naturelle, en phase médicale terminale, mais aussi à la revendication du choix de devancer l’appel, de partir volontairement et paisiblement avant que le mal incurable n’inflige des ravages que l’on ne veut pas subir.

Jouir avant de mourir

L’action se situe dans une maison de retraite, à Jérusalem. C’est là que vivent quelques amis très liés, pas trop mal dans leur âge et affichant une belle complicité par-delà leurs différences de caractère. Les souffrances innommables qu’un d’entre eux subit à l’hôpital dont il ne sortira plus, celles aussi de son épouse qui leur demande de soulager le malade, amèneront nos vieux lascars à mettre au point une « machine pour mourir en paix », et à l’utiliser. Un acte aussi fort qu’interdit, dont il faut garder le secret… sauf que la rumeur circule et que d’autres demandes parviennent au petit groupe désormais hors-la-loi!

Maymon et Granit ont réuni une remarquable distribution d’acteurs tous très connus en Israël, dont l’épatant Ze’ev Revach, formidable déjà l’année dernière dans Gett (Le Procès de Viviane Amsalem). On vibre pour cette petite bande de vieillards terribles, auxquels les réalisateurs offrent des dialogues à la fois subtils et décapants, des situations tragi-comiques en diable, sur fond bien sûr de propos on ne peut plus important. The Farewell Party ne célébrant pas seulement le droit de choisir sa mort, mais aussi et peut-être surtout celui de vivre pleinement, d’aimer, d’étreindre, de jouir par-delà les réticences morales et sociétales visant le sexe comme elles visent le suicide assisté.

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  • The Farewell Party, DE SHARON MAYMON, TAL GRANIT. AVEC ILAN DAR, LEVANA FINKELSTEIN, ZE’EV REVACH. 1 H 35. SORTIE: 13/05

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