A nos actes manqués…

Lundi, c’est Fonzy. Encarcané dans les tréfonds de son cervelet, notre chroniqueur Guillermo Guiz raconte ses nuits lo-fi de zermi. Night in, Night out, épisode 31.

Ca commence par un bien-fait-pour-ma-gueule. A force d’enchaîner les visions privilégiées et moqueuses en petit comité, fallait bien que ça me tombe sur le groin: à 11h43, dimanche matin, le nouvel espoir de la chanson française flotte dans mes connexions synaptiques. Sans relâche. En ghost, en poltergeist. Qu’on me dépêche Murray, Aykroyd, Ramis, plize. Qu’ils m’extirpent La Tasse de Café du crâne. Principe de précaution: nul ne sait, à ce jour, quels sont les effets à long terme d’une exposition prolongée au Jean-Charles De Keyser, chanteur de charme. Les yeux réséda arabica de cette jeune femme agiront-ils, tel un Tchernobyl thalamique, sur les derniers flux de fraîcheur mentale recensés sous ma mèche? Finirai-je, un jour, par « essayer d’accrocher l’écoute des jeunes », le pull négligemment noué sur le torse? Note, l’ami, qu’il te faudra impérativement cliquer play sur la vidéo subséquente pour saisir l’exquise finesse des vannes susmentionnées. Au risque, toi aussi, d’être happé par la fougue adolescente et « méritoire » (dixit Adamo, champion du Benelux de l’euphémisme) d’un patron de Belgacom TV un peu vert, un peu mignon, un peu Antoine Dusquesne, un peu comique, pas très volontairement.

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« No es amor, no es amor, es una obsesión ». Une pure obsession, cette tasse de café. Ma relation avec la vidéo susdiffusée fut donc, en son temps, parfaitement synthétisée par Aventura. Diable, cette inoubliable bachata, son las cinco de la mañana y no he dormido nada, cette façon de casser la hanche tous les quatre temps, cette voix traînante et lascive, cette déclaration d’amour incandescente. Diable, ce que j’ai pu (regarder les vrais danseurs) emballer sur cette ode volcanique à la fusion des corps, sur ce petit livre rouge de l’érotisme, sur ce bréviaire de la turgescence, sur cette bouteille d’hormones pétillantes. Vendredi soir, soirée salsa, orchestre latino. Par le truchement vicié d’un songe filandreux, la fille cacao (arabica, cha!) de Jean-Charles l’essentiel m’a pris par la main sur la piste du Viage, le casino du centre-ville. Elle était vêtue courte, solaire, charnue de la chair qu’on mordille gourmand, le short ajusté au rubis, la boucle bombée et flamboyante. Elle s’appelait Jean-Philippe, transsexuel. Je l’ai aimé, jusqu’au bout de la nuit, comme Emile, comme Images, comme J-C le crooner puisque, désormais, ils appartiennent à une seule et grande famille. Je mens. Car la réalité, fidèle à sa réputation, a joué les tapineuses vérolées: le petit film subproposé raconte mon vendredi soir. Tu verras. Faut juste m’imaginer noir, en sweat blanc, accoudé aux percus.


Xtreme Te Extrano ~ Bachata Performancepar Dusty4545

Tu insinueras, las, incrédule: Guillermo Guiz a encore enfilé ses chaussures carrées et son trois pièces de perdant. Ce serait expédier un peu vite une situation sensiblement plus complexe. Certes, il est subtilement émasculant d’être interrompu, en pleine tchatchation, par un « dis, tu m’en veux pas, mais je vais demander au mec là-bas s’il ne veut pas danser avec moi, il danse T.R.O.P. B.I.E.N. », alors que toi, tu danses T.R.O.P. P.A.S. On est bien d’accord, y’a plus émoussant pour la self-estime de soi-même. Pour autant, sacrebleu, le spectacle d’une fille sublime devenue, le temps d’une salsa, plasticine humaine souple et malléable, vaut son pesant de chan-chan. Ensuite, sache-le, mes intrigantes recherches sur la nature du cerveau humain m’ont appris ceci: recréer en son esprit un mouvement déclenche exactement les mêmes zones cérébrales, active exactement les mêmes neurones que si l’action se concrétisait réellement. En clair, imitation valant action, mon cortex s’est tapé un sur-trip Dirty Dancing au moment où, sur le bord de la piste, je m’imaginais virevoltant et félin dans les bras humides de ma copine. Chimiquement, la frustration s’est donc largement élaguée sous l’effet conjugué de ce ballet fulgurant de grâce et des hormones mythos.

Parlant de simulation, vendredi soir (même si là, on tend clairement plus vers le samedi matin) les plis et replis spongieux des corps sub-rachidiens de ma grosse tête auront donc profité, quelque part, de l’after héroïque à laquelle les composantes matérielles de mon environnement se seront refusées. Si tu as compris la phrase sus-écrite, il est probablement temps de consulter le spécialiste idoine. Vite. Non, ce que je veux vraiment dire, c’est qu’en vrai, wouuullaaa furdimina, sur la tête d’une frite, j’ai vécu vendredi soir ce que les vrais sorteurs bruxellois ont tous, au moins une fois, expérimenté dans leur vigoureuse existence: arriver trop tard au Bar Rouge. Et sonner. Et toquer. Et knocking on hell’s door, et roader à vide to Perdition, réclamer la légende Fifi à corps à cri, à 6h24 du matin, se faire refouler brutal à travers le judas d’où s’échappent, en fouines, les émanations de souffre produites par cette caverne capitonnée de partout. Le Bar Rouge, minuitalement parlant, c’est le cliché des clichés, la vague ultime vers la débauche, un nid d’orge, de farine illicite, de filles du monde, de frimousses patibulaires, de noctosophes en bout de course. Kitsch, glauque, paumé, unique, le Bar Rouge, c’est mon freak-show préféré. Simulation valant action, je me suis donc cérébraliquement installé sur le velours carmin, pour assister aux derniers coups de rein de la night. En vrai, au petit matin, la rue m’a ravalé. Seul alone.

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Un vendredi soir convexe, en somme. Bien heureux le samedi, dès lors, où les truculents Danois de WhoMadeWho s’aventuraient au Libertine pour un concert auquel il me tardait d’assister. Diantre, c’était sans compter sur l’excellent équipage du Focus qui, pour célébrer la sortie en librairies du mirifiquement indispensable « Guide des Séries » (www.autopromoéhontée.be), s’était échoué chez Myriam Leroy. Cascades de bulles, produits de bouche, chansons populaires: la soirée s’est férocement attardée sur un florilège de farces, boutades, calembours et fanfaronnades. Oh oui dis, on a ri pour sûr! Sketch sur sketch dis! En oubliant, du coup, d’aller battre la mesure à l’extérieur, tout ça parce qu’un statut Facebook piraté vaut mieux que deux tu l’auras. « Mes hémorroïdes me font atrocement souffrir: que faire? » « J’ai des pertes: que faire? » Exposant sans le savoir ses peines intimes à l’empathie du monde, la talentueuse Myriam, futur proche de l’audiovisuel francophone, a évidemment voulu se venger des sévices informatiques que nous venions de lui infliger. La réplique fut terrible. Cruelle. Sans pitié. Vautrée dans le sofa, cajolant son chien, Myriam la gracieuse s’est mise à chantonner Le Ballet de Céline Dion. Dans une version humectée par la douleur. Avant de jeter au loin l’imposante cucurbitacée qu’elle avait prise, protectrice, sous son aile aimante. La vengeance, décidément, est un plat qui se mange le lundi. Rideau.

Guillermo Guiz

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