La folle soirée du prix Diagonale

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Maryse et Jean-François Charles ont reçu le prix Diagonale pour la bande dessinée belge. La cérémonie se déroulait samedi soir à la ferme du Biéreau de Louvain-la-Neuve. Les trois prix étaient à remettre par Jean Dufaux, le maître de cérémonie, entouré d’une équipe d’acteurs légèrement… déjantée.

Il semblerait que ce soir-là, les nerfs des participants qui ont dû monter sur scène aient été mis à rude épreuve pour cette 5e édition du prix Diagonale. L’ensemble d’acteurs et de musiciens qui, chaque année, est supposée donner du piment à cette remise des prix, n’a pas lésiné sur les moyens. Des acteurs costumés qui se cachaient dans le public et intervenaient sans cesse, des ouvreuses qui se déguisaient en poupées russes, un lutrin composé de 5 statues vivantes (et même légèrement hyperactives) qui ont mené la vie dure à ceux qui tentaient tant bien que mal de répéter un discours déjà écrit. « On ne savait rien à l’avance par rapport à la mise en scène, raconte l’échevin de la culture de la ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve. « Je me suis vite rendu compte qu’il était impossible de s’en tenir à mon script initial. À un moment, il y a même une des statues qui m’a mordu! » Le souvenir est cuisant mais David da Câmara a apprécié la soirée. Tout comme le reste des spectateurs, qui a apparemment beaucoup ri. Il faut dire que le spectacle était varié, oscillant entre comédie musicale d’un goût parfois douteux et petits sketches franchement drôles, mettant à profit la surprise et le sens de la répartie des différents intervenants.

Lorsque l’auteur Olivier Grenson a reçu le prix du meilleur album pour son diptyque La douceur de l’enfer, un magicien « venu du Wallonistan » a fait léviter son assistante en oubliant presque qu’il était sensé faire apparaître le trophée.
Le prix du meilleur album étranger a été attribué à Vietnam 1965, de l’Américain Joe Kubert, qui n’était donc pas là pour récupérer sa petite statue. Sa nomination a été l’occasion de l’entrée en scène fracassante d’un Oncle Sam en chair et en os, sensé rapporter le prix dans sa mère patrie. On peut à ce stade-là regretter que présenter de belles filles court vêtues et/ou habillées en adolescentes pré-pubères semble à ce point indispensable pour rendre un spectacle intéressant.

Quand le prix Diagonale lui-même a été attribué à Maryse et Jean-François Charles, époux respectivement scénariste et dessinateur, des comédiens déguisés ont formé un charmant panorama des personnages de leurs oeuvres personnelles ou en duo, du Bal du rat mort en passant par Les Pionniers du Nouveau Monde et War & Dreams. Un hommage qui a presque ému aux larmes Maryse Charles.
Un spectacle si étrange pour un prix sensé rappeler que la bande dessinée est un sujet sérieux, il fallait oser. Jean Dufaux a d’ailleurs regretté publiquement l’absence de Mme Fadila Laanan, ministre de la Culture, « pour qui la bande dessinée belge semble être un art secondaire, pas sérieux et qui n’est pas en train de mordre la poussière, menacé de toutes parts par les productions japonaises, américaines et françaises. » Certains observateurs avertis ont tout de même fait remarquer pendant l’apéritif qui a suivi que le prix Diagonale avait battu Angoulême à plate couture au niveau de la mise en scène de sa remise des prix, que le festival international de la BD avait aussi tenté de rendre humoristique. C’est toujours ça de pris.


Marianne Delaforge (stg)

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